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Jezzabella Corvino - C'est moi où mon prénom fait vachement actrice film de boules...
Jezzabella Corvino
Avant propos je tiens à m'excuser de la longueur de cette fiche, le BG fut écrit un soir de fièvre et corrigé un après-midi d'ennui, tandis que la mise à jour pour avoir l'âge correspondant au règlement fut faite avec une faim de loup. Je prend tout blâme pour une envie de meurtre à mon encontre. (Je jure que je fais de petits rp.)

   
Corvino Jezzabella



   

   

   ❯ FEAT : Ellen Page
Informations Générales


   ❯ Prénom Nom : Jezzabella Corvino
   ❯ Pseudo : C'est un sujet de débat.
   ❯ Age : 18 ans
   ❯ Identité Publique ? : Non
   ❯ Ville : Gotham
   ❯ Lieu & Date de Naissance : Metropolis en 2001
   ❯ Race : Humaine
   ❯ Métier : Essayer de ne pas être en échec scolaire ça compte ?
   ❯ Orientation Sexuelle : ABSOLUMENT PAS lesbienne.
   ❯ Situation Amoureuse : kofkof Au point mort kofkof
   ❯ Groupe : Pour la Justice ! Et les cookies !
   ❯ Pv|Scénario|Inventé|Perso DC Comics : Inventé, mais inspiré par Mary Parker de Switch et bien trop d'heures passée à lire du Lovecraft.
   

   
Caractère

   
Jazz :
Imaginative – Impertinente – Brute – Presque sérieuse – Grande Gueule – Impétueuse – Caustique – Passionnée – Brave – Dépressive

Esdraela :
Curieuse – Studieuse – Empathique – Inhumaine – Immature – Aimante – Destructrice – Logique – Instinctive – Bien intentionnée

Les deux :
Dépendantes l’une de l’autre – Travaillent en équipe – Ne se disputent jamais – Conversations très spirituelles – Cherchent encore un nom de super-héros


   
IL ÉTAIT UNE FOIS...

   
Découpé en deux partie dans les messages plus bas, mes excuses encore. Mais 17 000 mots ça va pas passer, forumactif fait une PLS cosmique.



   
POUVOIRS & HABILETÉS

   
Esdraela est une entité inhumaine. Quelles soit extraterrestre, extra-dimensionnelle, démoniaque ou magique n’est pas la question. Elle est la source des pouvoirs de Jazz, elle est également sa partenaire et c’est elle qui, dans un sens, a le dernier mot sur l’activation de ses capacités. Ces dernières sont innées, mais ont changées à cause de sa nature profondément alien et des évènement au cours de sa vie. Au stade où elle en est, elle est infiniment moins dangereuse qu’il y a quelques années mais reste une entité dont il vaut mieux se méfier. Actuellement accrochée à Jazz tel un parasite, elle se nourrit des nutriments se trouvant dans la nourriture consommée par la jeune femme, ce qui fait que notre amie humaine est devenue un estomac sur patte qui pourrait faire passer Kid Flash pour un accro des régimes.

Esdraela est une créature polymorphe parasite, cependant elle a perdu toute affinité avec la chair. Si autrefois elle pouvait fusionner avec les humains pour les consumer, de nos jours elle est une sorte d’amas métallique qui encule les lois de la physique. Malléable mais résistante, pouvant prendre des formes aussi massive qu’une smart mais se rétractant jusqu’à la taille d’un bracelet, capable de se déployer rapidement tout en ayant une dureté qui ferait rougir les accrocs de la défense, oui Esdraela est une vraie petite horreur qui se targue en plus d’être dans un alliage non-terrien qui ferait s’arracher les cheveux tout les scientifiques de la planètes. Sauf ceux qui ont assez de jugeote pour comprendre qu’elle n’est pas faite de métal.

Oui, la forme actuelle d’Esdraela est… Son ossature. Une ossature qui entoure immédiatement Jazz en cas de danger, une ossature prenant les formes qui arrange le plus la jeune femme, une ossature qui défit les lois de la biologie humaine pour se plier au bon vouloir de sa tête pensante, bref c'est un exosquelette qui fait office d'exoarmure ! Cette comparaison était très bien. Et ça tombe bien, car la symbiose qu’il y a entre Jazz et son amie monstrueuse leur permet d’avoir un lien télépathique. Elles sont deux dans une tête, partageant un même esprit tout en gardant leur individualité et facilitant la coordination entre les mouvements. Car oui, il faut comprendre une chose, si Esdraela est une saloperie sans nom méritant de retourner dans le fond de sa planète selon certains individus racistes elle a cependant un terrible défaut. Elle manque complètement d’imagination humaine.

Et c’est là qu’intervient Jazz. Jazz possède l’imagination qui fait fonctionner toute la machine. Sauf que Jazz n’est qu’une humaine normale, une humaine dont la comparse met tout en œuvre pour veiller à sa préservation. Une humaine qui n’a d’expérience dans le combat que des bagarres diverses, des bleus sur des petites frappes et la capacité à pouvoir user d’une batte de baseball dans la gueule. Bref, Jazz n’est pas une combattante et elle le sait. De même, elle sait qu’Esdraela possède pour limite les connaissances de la physiques et de la mécanique. Ainsi, si il est simple pour elle de prendre la forme d’un bouclier, d’un épée ou d’un arc, c’est une autre histoire pour une tronçonneuse et un pistolet. La tronçonneuse est possible car son mécanisme est simple, mais elle demande du temps à Esdraela de la former à cause de la multitude de pièce pour rendre ça viable. Et ce ne serait pas une vraie tronçonneuse. Quand au pistolet… Disons qu’il manquerait très légèrement la munition.

Bref, Esdraela est un petit bijou défensif pour sa grande résistance et pas que. Étant à la base un prédateur qui va fusionner avec des humains, elle possède ses propres sens de super-prédateurs. Esdraela est une empathe, capable de ressentir les émotions des autres mais pas forcément de toutes les reconnaître. Elle sait ce qu’est l’amour, la peur, l’amusement et depuis qu’elle côtoie Jazz et son humour, le désappointement. Cependant, elle est incapable de comprendre les nuances, de comprendre qu’un humain peut se mentir à lui-même et est encore moins capable de réellement ressentir les émotions d’un point de vu humain. Elle est comme une enfant à qui il faut tout expliquer, et Jazz n’est pas la plus en phase avec les émotions humaines à cause de sa propre dépression qui déforme les siennes. Bref, finalement cette empathie n’est plus qu’une sorte de radar et un outil pour essayer de ne pas dire trop de merde, parce que les deux personnes qui s’en servent sont soit émotionnellement handicapées, soit pas humaine.

Esdraela possède également une capacité d'apprentissage phénoménale, lui permettant d’emmagasiner bien plus de savoir que n'importe quel être humain. Elle possède d'ailleurs des connaissances quasi-encyclopédiques sur une grande diversité de sujet, mais certainement pas le savoir absolu de l'univers et encore moins terrestre. Une cinquantaine d'années sur terre c'est bien trop peu pour ça. Les domaines scientifiques liés à la médecine légale sont ceux où elle peut effectivement faire suer un prix Nobel en la matière, étant donnés que c'était en lien avec son ancien métier de médecin légiste et enquêtrice. Une exception notable est à mettre dans tout ce champs, il s'agit des sciences se rapprochant de l'étude la psychologie humaine. Et oui, n'étant pas humaine et ayant que peu de connaissances concrètes des émotions, on ne peut pas dire qu'elle soit très impressionnante. Elle a les connaissances, mais est incapable de les mettre en pratique.

Elle a également un intérêt profond pour l'histoire, mais ne connaît que la surface concernant toute période historique en-dehors de l'histoire moderne et contemporaine. En effet, il s'agissait des deux périodes auxquelles les humains autour d'elle se référaient concrètement le plus, elle a donc décider d'en apprendre autant que possible dessus car elle pensait que ce serait utile. Elle a également une grande connaissance de l'histoire de la médecine, de la police scientifique et tout court, ainsi que de la thanatologie. Mais ça c'est parce qu'elle avait les pieds dedans.

Une chose intéressante à noter, elle adore l'art, sous toute ses formes. Pourtant en-dehors de la culture italienne et la pop-culture des années soixante-dix à nos jours, elle n'a que des connaissances finalement très fragile. Cependant son adoration en la manière fait qu'elle sait comment, théoriquement, c'est sensé être fait. Elle peut faire une analyse technique d'une œuvre, mais serait bien incapable de parler de l'émotionnelle et de la symbolique derrière à cause de son incapacité à comprendre les émotions. Elle sait que ça la rend toute chose, elle sais comment ça a dû être fait, les techniques employées... Mais serait incapable de dire pourquoi ça la rend ainsi. Ce qui fait que, malheureusement pour Jazz, Esdreala possède une capacité de concentration en présente d’œuvres nouvelles digne d'un enfant souffrant d'un déficit de l'attention. Le pire cauchemars de notre héroïne, combattre le crime dans un musée d'art moderne.

Mais maintenant nous allons parler des choses que craint profondément cette créature. Esdraela a une crainte maladive des flammes, des lasers, de la lave, bref, elle a une phobie furieuse de tout ce qui se rapproche de près ou de loin aux fortes températures. Ce n’est pas que ça la tue, en son état actuel elle ne fait que chauffer très fort. C’est qu’elle a juste peur de la sensation de brûler, d’être consumée par les flammes pour finir en cendre. Ce n’est absolument pas rationnel, et ça l’est au point que tel un martien elle va se retrouver à chercher à fuir le plus loin possible et, si elle est encerclée c’est la pls. Sauf que la fuite incorpore d’arrêter tout ce que voulait faire Jazz et la pls ben… à se planquer derrière Jazz. Jazz qui n’est pas immunisée aux fortes chaleurs vu qu’elle est humaine. D’ailleurs, voyez-vous, quand on chauffe une matière qui ressemble à du fer on la fait rougir. Accessoirement on fait rôtir une Jazz.

D’ailleurs, tant qu’on est sur les température, sachez que les basses températures ne sont pas mieux. Voyez-vous, chaque particules d’Esdraela bougent continuellement. Donc, quand on la gèle, ça continue de bouger. Pour essayer de ne pas geler. Et à la fin, elle finit en granita. Elle meurt pas, elle rentre en hibernation. En granita. Avec Jazz. Ce qui fait que Jazz peut oublier ses vacances tant rêvées en Antarctique ou bien d’embrasser sauvagement Killer Frost.


   
IRL !!!

   
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Jezzabella Corvino
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Mar 8 Oct - 15:32
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Jezzabella Corvino
Histoire partie 1 a écrit:
C'est une histoire. Bien sûr que c'est une histoire, comment voulez-vous que ça n'en soit pas une ? Bref, c'est une histoire, et cette histoire parle de deux personnes. Ces deux personnes n'ont, dans le fond, pas grand-chose en commun. Limite on pourrait dire qu'elles n'ont rien qui pourrait les unir. Mais quand elles se regardent… C'est comme regarder son reflet déformé, altéré par les événements et par sa nature profonde mais on ne peut s’empêcher de voir les ressemblance. On pourrait dire qu'il s'agissait d'âmes sœurs qui se sont enfin rejoint après un très long chemin solitaire, chacune pouvant donner à l’autre ce qui lui manque pour avoir cette sensation d’être, enfin, complète. Même si le vide ne semblait pas là, le voilà maintenant comblé par l'autre.


Joli pas vrai ? Mais ce n'est pas une jolie histoire. En fait, on pourrait même dire qu'il s'agit d'une sale histoire à oublier. Une histoire qui cache des horreurs que l’humanité préférerait qu'on ne lui pointe pas, ses craintes les plus profondes, ses faiblesses, sa longue série de défauts et sa tendance à se broyer toute seule. L'humain ne veut pas s’admettre beaucoup de chose. La toute première est qu’il est ce qu'il est. Humain. Mais qu’est-ce qu'un humain ? Ça, c'est la question qui obsède sous tout ses aspect l'une de nos deux protagonistes. Une de ces personnes se sentant enfin complète. Le truc, c'est qu'elle n'est pas humaine. Elle est tombée des étoiles et l'humain est tout ce qu'elle connait, tout en se sachant différente d'eux. Pas humaine.


Actuellement, cette première personne de notre duo n'a plus une apparence humaine. Elle l'a abandonné, parce que c’était plus simple pour elle. Maintenant, elle est un parasite, et ce parasite est autour du poignet de notre deuxième protagoniste. Ouais, c'est ce genre d’histoire aussi. La rencontre du troisième type qui a toute les chances de mal tourner, toutes les chances que le monstre du fin fond des étoiles n’amène l’humanité à sa fin parce qu'ils sont incapables de se comprendre comme il faut. Ce qui nous amène à la deuxième horreur. Qu’est-ce qu'un individu ? Oui, sujet fondamentalement le même mais raisonnement bien différents. Ça, c’est plus le problème de notre deuxième protagoniste.


Ce n'est pas une entité innommable, mais bien une simple humaine. Et cette simple humaine, elle vivait au jour le jour en se demandant ce qui faisait d'elle qui elle était. Qu’est-ce qui pouvait bien l'avoir amené à ce chemin dans sa vie. Qu’est-ce que sera sa vie. L’angoisse dévorante de n’être que la somme des décisions des autres, de finalement n’être défini que par les circonstances autour d'elle, tel un pion sur un gigantesque échiquier sans possibilité de choisir où avancer parce que ce n'est pas dans la tactique qui fut choisie tout le long. C'était terrifiant de penser ça. C'était encore plus terrifiant quand la personne qui pensait ça venait à peine de sortir de l'adolescence et avait donc encore tant à découvrir.


Et ouais. C'est ce genre d’histoire. Une histoire classique mais finalement toute histoire est classique. Il n’y a pas d’originalité à chercher à tout prix, juste apprécier ce qu'on a sous les yeux. Et ce qu'il y a sous les yeux, là, ça peut aussi bien être pitoyable que gênant, éventuellement jouissif mais ce n’est pas heureux. Et cette malheureuse histoire commence dans les années 70, quelque part en Italie alors qu’une étoile rouge était tombée du ciel…
_


Et c'était triste. Tragique. Une tapisserie devenant une ode au malheur et à la désolation. La fin d'un rêve et le début d'un cauchemar. Un entre-deux tortueux, une indéfinissable saleté se mêlant à la crasse et au sang. Informe et rouge, trop rouge, les craquements multiples de chaque petits ossements formant un chorus cacophonique. C'était ainsi, cette macabre peinture qui prenait vie et rien ne pourrait jamais regarder cet abysse. Ô combien cette chrysalide de chair menaçait de happer le monde dans ses entrailles, sa phalène de charogne dévorant tout sur son passage. Un nourrisson de l’effroi, un enfant de l'angoisse, entité de terreur et de carnage. Le Dévoreur était là. Et le Dévoreur déchirait son cocon dans un chant obscène, rejoignant l’orchestre de corps broyés.


La phalène était couverte de pourpre, la couleur royale de la mort et de la violence. Son corps tentateur était aux formes d'une beauté sensuelle, tout en elle puait le désir carnèle. À se damner, à se laisser envelopper et déchiqueter. Des lèvres pulpeuse entrouvertes à la langue léchant le riche liquide la collant, au regard brûlant d’invitation à l’impudeur de sa peau. Elle était là, dans sa splendeur luxuriante et sortant à peine de l’œuf. Elle était une preuve que dans toute horreur se cachait une beauté surnaturelle, que le regard humain n'oserait jamais comprendre. Elle défiait les conceptions de ce que l'on nommait un gouffre. Et elle prenait enfin une pause pudique, cachant sa poitrine entre ses bras et son sourire angélique derrière ses doigts.


Si humaine, si enfantine et innocente a regarder ceux en bas de son perchoir. Des mortels, à la regarder entre terreur et désir, entre hubris et abjection, à observer chacun de ses mouvements. Comme le nouveau-né qu'elle était, la phalène se laissa glisser le long de la sculpture morbide l'ayant vu naître, sourire toujours aux lèvres et riant tel des carillons mélodieux en cœur. Aux pieds de ceux l'ayant vu naître. Et elle leur souriait, sur le ventre dans une pause concupiscente, comme les invitant à venir prendre ce que chacun désiraient. Un papillon de nuit venant à peine de déployer ses ailes, vulnérable et pourtant sentant déjà une odeur de déstructuration. Qui pouvait y résister ? Qui pouvait regarder et oser dire qu'il ne le voulait pas l’épingler dans sa collection, aux yeux de tout ses invités pour s'en vanter ?


Alors il y eu les premiers contacts. Main contre sa peau, bouche contre sa chair, envie de l'avoir, envie de la posséder, désir, tous soumis à leurs désirs les plus bas et charnels. La tuer, la déchirer, que personne d'autre ne l'ait. Se laisser emporter dans son corps, les yeux révulsaient dans une exaltation complète, la béatitude dans leurs sourires. Fous… ils étaient déjà fous bien avant qu'elle ne sorte de son cocon protecteur. Et maintenant ils étaient mélangés dans l'objet de leurs folies, les corps disparaissant dans leurs fantasmes les plus purs. Plus rien. Juste une phalène, couverte de sang, des os se broyant et se dissolvant dans sa chair, les yeux fermés et cet étrange sourire aux lèvres. Les vêtements autour d'elle, déchiraient et crasseux, ceux d'hommes et de femmes, étaient les seuls témoins du spectacle obscène.


Elle en prit un dont la saleté ne dégoulinait pas de chaque côté, mettant la chemise tacheté vermillon. Elle se leva lentement, ses pas lourds et maladroits. Des images s'imprimaient dans son esprit, le fond de ses yeux voyant ce qu’ils avaient vu, ses oreilles bourdonnant de multiples voix qu'ils avaient entendu, sa peau frissonnant aux contacts qu'ils avaient eu... Elle jeta un dernier regard à la structure de chair, d'os et de dents. Elle savait ce que c’était. Elle savait que cette structure informe, monstrueuse et abominable ne pouvait que la faire sourire. Cette horreur venu tout droit des abysses entre les étoiles, ayant illuminé un instant le ciel par la couleur du sang. Elle avait un mot, un mot commun à ceux ayant laissé cette pile de vêtement pour ne faire qu'un avec elle dans le stupre et l'extase. « Au-revoir Maman. »
_


Nous sommes en 2001. Et nous ne sommes plus sur l’histoire de cette créature née d'une masse de chair, même si par la magie du destin tout était lié. Elle n’était pas une héroïne après tout, mais un danger menaçant de dévorer un jour l’humanité par amour. La seule information importante à savoir sur elle pour l'instant est que sa vie suivra un long apprentissage nourri par la soif de curiosité et d’amour, sans prendre en considération les horreurs causées par sa simple présence. Elle n’était pas une créature de conséquences, elle ne comprenait jamais le sens des conséquences de ses actes. C’était dans un sens plus réconfortant qu'un homme de l’autre côté de cette planète qu'elle apprenait de plus en plus à adorer chaque jours.


Cet homme se moquait bien des conséquences de ses actes. Il n'y avait que lui, et lui seul qui pouvait compter dans son petit monde étriqué. Il n'y avait que son envie quand il avait attrapé cette jolie fille sur son lieu de travaille dans son piège. Il n'y avait que son désir quand il lui avait déchiré les vêtements. Et il n'y avait que son orgasme alors qu'il la violait sous le son de ses supplications. Vous voyez, pour cet homme le fait qu'elle était une rookie au sein de la police et lui un homme respectable de sa hiérarchie faisait que la logique voulait qu'elle ferme sa gueule. C'était juste ainsi, il était au-dessus, elle en-dessous. C'était ce pouvoir qui faisait qu'il se moquait des conséquences car il se voyait inatteignable.


Mais… il y a des conséquences pour tout, et ces conséquences peuvent faire des ravages. Surtout quand c’était Mère Nature elle-même qui y foutait son grain de sel, Mère Nature qui avait quand même décidé que des ouragans s’abattraient sur la terre ou que les oiseaux migreraient en masse. Mère Nature ne connaissait pas la demi-mesure quand elle s'y mettait. Et sur ce coup elle avait décidé d’être une chienne venue d'un enfer profond, parce que les conséquences qu'elle avait choisi pour lui étaient probablement pire pour la jolie fille. Quelque part, dans l’utérus d'une jolie fille qui n'avait rien demandé, les graines de la vie rampaient doucement vers la terre promise. Ouais, des conséquences horribles de la part de Mère Nature.


C'était comme ça que fut conçue notre héroïne. Parce que la créature issue de l’étoile rouge n'en n’était pas une. Au cours des mois qui suivirent, la vie grandissait dans le ventre de la jolie fille. Elle grandissait et elle détestait ça. La seule bonne chose de ce qui arrivait était que la preuve était indéniable maintenant, et que le géniteur était en prison. Pourquoi garder cette vie alors ? Elle pouvait toujours décider de s'en débarrasser, la loi ne l'interdisait pas et elle n'avait aucun interdit religieux. Elle ne pouvait pas vraiment le dire… L'instinct maternel qui pointait quand même ? L'envie qu'il y ait un truc de bon dans cette histoire ? Le désire de revanche sur l'enfant ? Parfois ses pensées se mélangeaient, dans son esprit elle berçait l'enfant avec amour, chantant une vielle berceuse miteuse avec adoration. Puis elle lui éclatait la tête contre un mur avec violence, hurlant des mots de haines dont elle avait peu de souvenir.


Elle vivait dans l'angoisse, continuellement, parce qu'elle ne savait pas pourquoi elle le gardait. Plus le temps passait, plus elle voyait le mythe de la femme enceinte radieuse pour ce qu'il était. Un mythe. Un mythe que les gens alimentaient toujours alors qu'en réalité c’était un enfer. Ils étaient un enfer eux aussi, à lui poser des questions qui la tuaient. Le père doit être très fière, non ? Combien de mois ? Je peux toucher ? Vous devez être si heureuse. Non. Non et non. Elle n’était pas heureuse, elle le savait, et souvent elle faisait tout ce qu'il était déconseillé de faire pendant la grossesse. Elle continuait de fumer, elle avait même doublé sa consommation. Elle buvait de l'alcool de plus en plus fort. Les médicaments déconseillaient pour la femme enceinte, elle s'en foutait. Elle ne voulait pas avorter, et pourtant elle ne voulait pas non plus le voir.


Elle était une loque humaine et se détestait pour ça. Parce qu'elle savait qu'elle pouvait stopper tout ça, qu'elle savait que cet enfant ne méritait pas ça, qu'elle savait que si il venait au monde elle serait sûrement la pire personne pour s’occuper de lui. Elle n’avait même pas pensé à un nom, comme elle avait envoyé paître le médecin lors de l’échographie pour connaître le sexe. Elle ne savait plus quoi faire avec ce bébé… Jusqu’à ce que son grand frère lui propose de le lui laisser. Elle savait pourquoi il faisait ça. En partie par égoïsme, en partie parce qu'il savait qu’elle refuserait de le mettre en adoption à cause de leur histoire personnelle. Il voulait avoir l’occasion d’être un parent pour quelqu'un. Il voulait aussi qu'elle puisse vivre sa vie. Il ne lui avait pas menti sur le fait qu'il ne cacherait pas qu'elle était la mère, et qu'il dirait la vérité à l'enfant quand le moment sera venue.


Mais elle s'en moquait. Parce que c’était à la fois mieux pour l'enfant et pour elle-même. Elle avait tout laissé à son grand frère, car il saurait comme tout gérer. Elle avait temporairement emménagé avec lui à Gotham, afin qu'il lui puisse la surveiller. Il était flic, comme elle, et comme tout bon flic il la fliquait pour veiller à ce qu'elle ne fasse pas de conneries. Faire baisser sa consommation de tabac, lui virer toutes bouteilles des mains, surveiller ses rendez-vous chez le médecin. Tout ça pour son bien et celui de l’enfant. Pour qu'elle ne soit plus une loque humaine qui mettait en danger une vie qui ne méritait pas ça. Il avait cherché un nom et s’était décidé sur Rocco pour un garçon ou Jezabella pour une fille. Il avait préparé une chambre pour enfant, le siège auto pour enfant, la chaise de table pour enfant, tout pour enfant. Il avait prit contact avec une vieille dame de son immeuble qui gardait souvent des enfants.


Il était en voie pour devenir le parfait parent. Et elle ne l’était pas. Elle avait décidé qu’elle ne le serait jamais. Elle l'avait décidé le jour de la naissance, quand il tenait sa nièce en adoration en la surnommant déjà Jazz- évidemment que Rocco c'était pour Rock et Jezzabella pour Jazz. Il rayonnait de bonheur. Elle ne ressentait rien en regardant l'enfant. Elle ne voyait rien en lui sauf une infinité mauvaises fins avec elle pour mère. Jamais elle n'avait hésité. Ni quand elle signa les papiers, ni quand elle laissa son frère seul avec l'enfant, ni quand elle retourna chez elle, ni même quand il lui demanda si elle voulait qu'il envoie une photo de temps en temps. Pas même quand elle avait pleuré en répondant non.


Jezzabella « Jazz » Corvino n’eut jamais la sensation que sa mère la regrettait.
_


La créature inhumaine était tel un papillon de nuit attiré par la lumière, incapable de se retenir d'y avancer. Tout pour elle était brillant. Elle était une nouveau-né, soif d'apprendre et de comprendre allant de pair la submergeant et ne comprenant pas entièrement pourquoi ce qu'elle faisait était indécent, ce qu’était l’indécence, c'est quoi normal, un nom ? Ma famille, qu’est-ce que c’est ? Le sang sur mon corps, j'en étais déjà couverte en me réveillant, nue ? Pas de vêtement au réveil, un amant, je ne sais pas ce que c’est, c’est quoi ? La sauterie, oui je sais sauter, quoi ce n'est pas ça, suivre au poste de police ? D'accord. Mais c'est quoi un poste de police ? Dans la voiture, c’était étrange et ça dégageait une odeur désagréable. Elle aimait mieux la sensation de l'herbe sous ses pieds alors qu'elle marchait le long de la route en observant les étoiles.


Elle était dans un véhicule, à l’arrière. La grille de sécurité la séparait de l'homme qui la regardait de temps en temps dans le rétroviseur. Plus de questions, plus de bourdonnements dans son cerveau pour comprendre. Juste elle, un homme, un véhicule qui roulait bien trop vite et le ciel infini d’où venait sa mère. Elle avait… elle avait encore du mal à comprendre. Après avoir digéré, après avoir compris le peu qu'elle pouvait comprendre, les images de ces gens avaient disparus. La laissant avec juste ses propres pensées. Elle savait certaines choses, mais pas tout. Comme tout plus en arrière avec le jeu de question réponses parce qu'elle voulait comprendre. « Qu’est-ce que tu regardes gamine ? » Elle ne détourna pas son regard du ciel tacheté de blanc, sa tête contre le rebord du siège. Les menottes autour de ses poignets la gênaient un peu à la base mais elle les avait retiré. Il n'avait pas encore remarqué.


« Je regarde juste d’où vient ma mère. » Elle ne savait pas pourquoi l'homme la regardait bizarrement. Sa mère venait bien de là-bas non ? À flotter dans l’infinité des étoiles, à heurter des corps célestes, à sentir sa coquille se craqueler avant d’atterrir ici. Informe, absorbant, apprenant, cherchant à comprendre ce qu’était ce monde avant de simplement continuer son chemin sans prêter attention à l’humanité, sans prêter attention à des mortels qui se sont mis à la vénérer. Qui se sont mis à la nourrir, lui permettre de grandir, à lui offrir tout ce qu'elle pouvait vouloir. Mais sa mère n'a jamais rien voulu. Elle était une force de la nature, une fois qu'elle avait emmagasiné tout ce qu'il lui était possible, il fallait se reproduire, il fallait laisser une descendance qui serait adaptée à ce monde pour survivre. « J'croyais que tu savais pas c'qu'était une famille ? » « C'est une famille une mère ? »


Il soupira, clairement il abandonnait. Elle continuait de regarder le ciel tacheté, observant chacun des astres rouges. Sa mère venait d'une étoile rouge. Elle venait d'un astre rouge, elle était rouge. Rouge, rouge, rouge… elle regarda ses cheveux. Rouges. Le sang était rouge. Le rouge lui donnait une sensation de chaleur dans ses entrailles. Ce n’était pas désagréable, c’était… quelque chose. « Hey, comment t'as enlevé tes menottes ?! » Elle leva à nouveau la tête vers l'homme, son visage comme celui d'un enfant qui ne comprend pas ce qu'il se passait. « Ça me gênait… » Elle pouvait la voir, l’expression de l'homme qui se tordait. Elle sentait quelque chose pulser en lui, quelque chose menaçant d'exploser. Elle pencha la tête, continuant de l'observer et se concentrant sur cette pulsation. Elle la sentait lentement, très lentement se calmer. Il expira fortement, comme pour chasser quelque chose de son système.


C'était silencieux. Elle se permit de fermer les yeux, laissant le temps se distordre pour avancer plus rapidement. Parce que c’était ce qu'il se passait pour les humains qui fermaient les yeux. Le temps n’était plus qu'abstraction…
_


Le temps, il en manquait clairement. La petite Jazz le voyait très clairement alors que son oncle était en train de tourner comme un poulet sans tête dans l’appartement. A chercher des couches, des clés, des biberons, tout le nécessaire pour un nourrisson d'à peine quelques mois. Elle le voyait depuis ses petits yeux, cet homme qui agissait comme si il n'avait plus le temps de quoi que ce soit. Ce n’était pas qu’elle pleurait, elle était plutôt silencieuse actuellement. Non, c’était juste… Juste comme si il avait oublié que le monde extérieur n’était pas tendre avec les hommes qui devait jouer le rôle de maman. Le monde humain occidental voyait l'homme viril comme celui qui ramenait la bouffe sur la table pour que la femme soumise face sa popote. Pas dans cette maison. Dans cette maison c’était un oncle et sa nièce en très bas âge.


Et l'oncle n'avait plus de temps pour rien. Il s’agitait beaucoup trop alors qu'il avait laissé l’enfant dont il avait la charge sur le canapé, son oreille scotché à son téléphone. « Je sais Sam, je gère, t'en fais pas. » Tout mettre en place, tout préparer. Préparer quoi ? Elle était curieuse parce que le monde autour d'elle était curieux. Le monde était un flou fascinant où tout était simple. Boire. Manger. Chier. Dormir. Aimer le monsieur aux cheveux blond, l'adorer même. Lui faire confiance. Réclamer souvent qu'il la prenne dans ses bras, parce qu’elle pouvait entendre des badum-badum familiers. Parfois pleurer, souvent en fait. Très souvent. Elle voulait les badum-badum contre son oreille… Elle criait à s'en déchirer les poumons, gagnant un soupir de son oncle alors qu'il la saisissait, la prenant contre sa poitrine.


« Non, c'est rien. Juste la petite qui pleure. » Se retrouvé blottit contre la poitrine de son oncle écouter ce son si familier mais pourtant si différent. Renifler doucement, se laisser bercer. « Non non, je m'en sors, c'est juste que… Ben elle a besoin de beaucoup d’attention, c’est juste un bébé. » Différent. Le bruit était différent, elle le savait. Le sentait. Au plus profond de son petit être elle savait qu'il y avait quelque chose de profondément différents. Pas le même rythme. Pas la même force. Pas la même sensation. « Non. Elle a pas rappelé. J’espère qu'elle sera là. » Ça ne comblait pas le manque. Ca ne comblait pas le vide. Elle s'accrocher, essayant de téter quelques chose. Elle entendait son oncle rire. « Hein ? Oh, rien, elle croit que j'ai des boobs. »


Il manquait quelque chose en elle, autour d'elle, il y avait quelque chose dont elle avait besoin mais qui n’était pas là. Elle souhaitait que ce soit là. Elle voulait que ce soit là, qu'elle se blottisse contre ce manque, qu’elle entende ce manque, qu'elle se sente entourée par ce manque. Que ce ne soit plus un manque. « Ouais… Je peux pas dire que je la comprend pas, c’était littéralement l’enfer pour elle… mais j’aimerais qu'elle soit là pour Noël. Même en coup de vent. » Même en coup de vent elle voudrait ravoir ce manque. Elle pleura de nouveau. Parce qu'elle voulait la chose qui lui manquait, la chose qui devait être avec elle et qui ne l’était pas. A gesticuler, à quémander. Son oncle soupira. « Je te laisse, j'ai besoin de mes deux mains pour m'occuper de la petite. » Il lâcha son téléphone, la prenant enfin dans ses deux bras.


« Shhhh… T’en fais pas Jazz, Tonton est là… Je suis là… » Il était là. C'était réconfortant, chaleureux, mais pas assez. Il n’était pas ce qu'il manquait.
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Il y eu une enquête- elle savait maintenant ce qu’était une enquête- pour combler les vide de son histoire et elle fut fascinée tout le long. Les question qui se posaient, les regroupements qui se faisaient, la logique humaine en pleine action et à son paroxysme. Humaine. Dans les limites de ce que les humains pouvaient accepter. A tordre ce qu'ils voulaient bien voir en ce qu'ils pouvaient croire. Et leurs conclusions étaient intéressantes, elle avait compris à ce moment là combien l'humain avait du mal avec ce qui était au-delà de sa compréhension. Une secte ayant fait une cérémonie qui a mal tournée, usant de multiples restes de cadavres qu'ils se sont mis à révérer dans une folie collective. Et elle avait dû y participer, d'une façon ou d'une autre, mais le choque l’avait fait gravement régressé à un stade quasi enfantin. Avec perte de mémoire inclue.


Amusant. Pas d’identité, pas de vie avant, rien. Ils ont sautés sur des conclusions car c’était le mieux. Mais il y en avait un qui ne voulait pas lâcher l’affaire la concernant, qui disait qu'elle devait en savoir plus qu'elle ne laissait paraître. C'était vrai. Mais elle était passée à autre chose, cherchait à ne pas s'impliquer d’avantage alors qu'elle étudiait. Oui, elle étudiait parce qu'on lui avait dit qu'elle pouvait. On lui avait dit qu’une fois l’enquête terminée, elle pourrait vivre sa vie en fonction du résultat. Pas de résultat la concernant. Entre les mains de ce qu'ils appelaient l’état. Entre les mains de femmes qui disent avoir pris le voile. Elle vivait dans un couvent, sous la charité de femmes qui cherchaient à lui enseigner quelque chose sur une entité qui serait dans le ciel. Comme sa mère venait des étoiles.


C'était des femmes gentilles, dont elle sentait l’aliénation derrière ces murs. Elle sentait ce genre de choses. Elle s'en était rendue compte. Elle sentait ce que les gens avaient au fond d’eux, ce qui les rongeait, les pulsations qui faisaient voyager leur sang alors que leur esprit se laissaient emporter par un flot incessant dont, finalement, peu avaient le contrôle. Elle vivait dans cette maison de ce Dieu, peu sûre d’en comprendre le principe. Chaque jours elle découvrait de nouvelles Grâces, de nouveaux Saints et de nouveaux Anges. Des créatures qui elles aussi viennent d'en haut. Chaque jour elle apprenait d'avantage en ce lieu, elle apprenait les croyances humaines envers ce Dieu et les autres, elle apprenait les sciences et la littérature, elle apprenait aussi le comportement humain en sa présence. Elle ne les rendait pas fou, elle les rendait… particulier, parce qu'elle n’était pas eux et quelque part au fond d'eux ils le savaient. Comme les animaux le savaient.


Pas humaine, mais ce n’était pas grave. Ils s'y habituaient et bientôt oubliaient cette étrange sensation d’inquiétude qui les gagnait en la voyant. La Mère Supérieure en particulier la voyait de plus en plus avec un œil bienveillant, parce qu'elle était curieuse et ne cherchait qu’à apprendre, apprendre tout. Elle sentait de la compassion quand elle avait entendu cette conclusion d’enquête, elle ressentait une pointe de déception mais également de fierté quand elle lui disait ne pas vouloir prendre le voile mais être comme ceux qui l'avaient trouvés. À vouloir être dans un laboratoire en sous-sol afin de comprendre et… pas aider, juste comprendre et apprendre. Mais elle avait dit aider, parce qu'elle ne voulait pas que la déception prenne le pas sur la fierté. Elle était elle aussi une créature empathique.


Elle… aimait la Mère Supérieure. Elle l’aimait et elle voulait sincèrement qu'elle ressente juste cette positivité. C'était une sorte de but inavouable tout le long de son temps dans cet endroit, tout le long de ses études supérieures. Elle n'avait plus rien absorbée depuis que sa mère l'a mise bas. Elle ne savait pas pourquoi elle avait si fortement envie la première fois, comme si la chaleur environnante et émanant de ces gens l’avait intensément attirée. Ils ressentaient des choses fortes, elle devait fusionner… qu'ils ne fassent plus qu'un, quelque part dans son organisme et esprit. Qu’ils deviennent plus, comme elle, dans un état proche de la béatitude. Elle le sentait cet état dans lequel ils étaient, elle sentait tout ce qu'ils étaient comme ils avaient sentis ce qu'elle était. Folie, dépravation, abandon, dernière chance… si négatif… Elle avait balayé tout ça de sa propre extase. Et maintenant ils étaient heureux…


Elle voulait la même chose pour la Mère Supérieure. Parce qu'elle tenait à elle. Elle l'aimait beaucoup et la voulait loin de cette aliénation qui la menaçait continuellement. Alors quand elle rentra dans son bureau avant de partir enfin hors du couvent, elle lui avait sourit. Et elle lui annonça avoir enfin trouvé un nom, un nom qu'elle aimait. « Esdraela. Comme Esdrael, l'ange du sang. Je… C'est juste que c'est rouge et- » « Tu adores la couleur rouge. Je le sais mon enfant. Et le nom de famille ? » Elle lui avait sourit alors qu'elle se mit à l'enlacer, un geste devenue commun depuis qu'elle était ici. Bonheur, tristesse, sensation de manque… La savoir sur le point de partir lui faisait mal, et elle ne voulait pas ça. Elle commençait lentement à chasser ça, non, plus qu'un, plus qu'un avec elle, dans cette sensation de chaleur, pas seule avec ses propres aliénations.


Le sang, tout le sang qui coulait, les yeux révulsés, plus qu'un, chasser les peur, ensembles, plus jamais seule et partie intégrante d’elle. Les os qui se mélangeaient, le sang qui s'échangeait, la chair qui fusionnait… Plus rien. En elle, avec elle, à jamais dans cette sensation de chaleur. Couverte de sang, à le lécher, à l’apprécier. Rouge. Elle aimait le rouge. Ses instincts lui disaient qu’ils ne comprendraient pas, ils ne comprendraient jamais. Ses os craquaient, la forme de son visage changeant. Sa taille baissait, elle prenait plus de muscle. Ses yeux, ses yeux noirs rétrécissaient, auréolé d'un bleu marin. Sa peau devenait plus foncée, plus chocolatée. Elle changeait… elle changeait et bientôt le rouge de ses cheveux était maintenant blond. Elle se mit à sourire doucement, se serrant comme pour serrer cette femme qui était maintenant en elle. « Stellarossa. Comme ma mère. »
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Elle n'avait jamais rencontré sa mère avant. Et aujourd’hui, du haut de ses huit ans, elle la voyait pour la première fois. Son oncle ne lui avait rien dit sur cette visite surprise, d'un autre côté ça n'aurait pas été une surprise. Et… elle constatait maintenant qu'elle ne ressemblait pas à sa mère. Elle n’avait pas de traits physiques commun, ou alors tellement peu et subtils qu'elle ne les remarquait pas tout de suite. Son oncle avait un large sourire, les regardant toute les deux. Comme si il avait accomplit quelque chose de grandioses, d’insoupçonné et insoupçonnable. Sa mère, elle… Et bien elle était très tendue. Elle ne faisait pas un pas vers elle, son sourire étant crispé. Elle-même n’osait rien dire, regardant les deux adultes comme si elle était en train de vivre une rencontre du troisième type. « Alors… Jazz… Il paraît que tu fais du baseball ? » Ouais. Une rencontre du troisième type.


« Euh… Ouais. Aujourd’hui c'est la finale de la ligue poussin. » C'était une finale qu'ils souhaitaient gagner, une finale dont ils voulaient le trophée pour le club. C'était son sport, le sport qu’elle faisait sans ronchonner, le sport où elle ne regardait pas son oncle avec le regard de gamin qui voulait pas y aller. Non, c’était le seul sport où elle pouvait taper très fort et précisément sur quelque chose pour le faire valser, alors elle comptait bien y aller en sautillant et un sourire radieux aux lèvres. Et… Et sa mère ne le savait pas ? Bien sûr qu'elle ne le savait pas. C'était sa toute première visite. La toute première fois qu'elles se voyaient de toute sa vie. « Ernesto me l'a dit. Apparemment tu as un bon coup de batte ? » Elle se mit doucement à sourire. Finalement, elle savait qu'elle aimait le baseball...


La présence de sa mère était très galvanisante alors qu’elle se changeait dans les vestiaires. La savoir quelque part dans les gradins lui donnait un souffle nouveau, un souffle de pouvoir infini qui lui indiquait que chacune de ses frappes seraient mémorables. Peut-être qu'elle réussirait à envoyer une balle par-dessus les fameux gradins, lui permettant de faire un tour complet et sans le moindre effort ? Ce serait le pied. Et… Et peut-être que sa mère reviendrait pour ses prochains match ? Peut-être même qu'elle restera avec eux ? Ce serait juste génial ça, si elle pouvait avoir sa mère qui vit avec elle. Elle n'aurait plus le vide immense qui pèse sur ses épaules. Bien que le poids sur ses épaules soit celui de Bérengère. « Hey, c'est qui la dame avec ton oncle ? » Elle lui sourit à pleine dent. « Ma mère, elle vient pour le match. » Elle n'avait pas besoin de dire plus quand le coach leur somma de venir sur le terrain pour se préparer.


Le match était… Une humiliation totale et absolue pour l’équipe d'en face. Elle était une batteur en puissance, chacun de ses coup résonnant dans toute la balle avant de l’expulser sur plusieurs mètres. Chacun de ses pas de courses étaient pressés mais précis, et quand elle entendait que quelqu’un était sur le point de récupérer la balle elle taclait comme elle avait appris à faire au football pour glisser jusqu’à la base. Elle était déchaînée, concentrée, elle ne laissait rien au hasard. Sa concentration quasi monomaniaque était telle qu’elle ne regardait même pas les gradins. Quand elle courait après les balles c’était avec la même hargne. Parce que si ce match se passait bien, alors peut-être que sa mère reviendrait encore une fois. Et au pire elles auront un sujet de discussions avant son départ, elles pourront se lier un minimum. Peut-être qu'elle appellerait un peu plus ?


Mais quand elle était sortie des vestiaire pour voir son oncle et sa mère, il était seul. Sa mine basse, son verre de bière non loin de lui. Il semblait abattu. C'était à ce moment qu'elle avait su qu’elle avait trop rêvé. Mais elle avait besoin de se dire qu’elle avait tord… « Tonton… Elle est où maman ? » Il releva la tête, la regardant. La remarquant enfin. Puis il avait l'ombre d'un sourire, comme si il était rongé de l’intérieur mais qu'il ne voulait pas qu'elle voit. Elle le voyait très bien, elle vivait avec lui depuis sa naissance. Au bas mot. « Ta mère… Elle est rentrée à Metropolis… Je suis désolé Jazz. » Il était désolé… mais ce n’était pas sa faute… Elle le savait très bien que ce n’était pas la faute de son oncle. C'était la sienne. D'une façon ou d'une autre c’était la sienne parce que sa mère n'avait jamais vraiment osé la regarder ou la toucher. Elle la mettait juste mal à l'aise… Elle sentit les mains de son oncle sur chaque côté de son visage. « Heyhey, pas cette mine. Tu as gagné un super match aujourd’hui ma puce. Alors on va veiller à ce que ça te mine pas avec un bon chinois. Okay ? »


Elle hocha la tête sans réelle conviction. Elle sentait lentement mais sûrement son amour du baseball disparaître à la seconde…
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Elle adorait regarder des films au cinéma. Elle adorait les regarder avec des amis de l’université. Elle avait réussi à s'en faire, comme elle avait réussi à intégrer une très bonne université de Florence. Des humains avec qui elle discutait sciences, médecine et études. Des humains aussi qui parlaient souvent de la déniaiser, en la sortant de sa soif d’apprentissage pour se nourrir de culture populaire. Se nourrir de long métrages, de pizzas, sucreries, musiques… Hypnotisée qu'elle était face à l'harmonie inutilement consacrée à atteindre une nouvelle perfection. Ils lui disaient souvent qu'elle semblait tellement absorbée dans ce qu'elle voyait qu'ils pensaient qu’elle pouvait souffrir chroniquement du syndrome de Stendhal. Ce n’était pas le cas, il faudrait être humain pour ça. C'était… autre chose qui l'absorbait dans cette transe si difficile à briser.


Son esprit se faisait happer parce que cette harmonie dissonante face à l’instinct de survie était un mystère. Qu’est-ce que ça apportait ? Qu’est-ce que cette vénération du Beau était sensée vouloir dire. Pouvait-on quantifier ce Beau ? Était-ce Beau parce qu'on lui disait que ça l’était ? Elle ne comprenait pas, et son esprit faisait comme celui des humains face à sa vraie nature. Il se laissait submerger. Elle voulait comprendre, apprendre, elle voulait ne plus se laisser fasciner par ce Beau qui la faisait se stopper net quand elle le remarquait enfin. Un de ses nouveaux amis était musicien à ses heures perdues, avec son groupe et ses chansons. Il était celui qui l'avait fait voir son premier film en disant qu'il lui plairait, qu'il le savait parce qu'il l'avait déjà vu et pensait avoir saisi un détail la concernant.


Le film était Suspiria de Dario Argento, et le rouge y était omniprésent. Le rouge de la bâtisse, le rouge de la lumière, le rouge du sang… Tout ce rouge la fascinait car il n’était pas une simple présence qui lui faisait chaud dans les entrailles. Il avait un but, il avait une signification, son esprit le lui disait car jamais le rouge ne lui avait fait cet effet avant. Jamais elle ne fut autant troublée parce qu'elle voyait, jamais elle n'avait autant eu la sensation que sa curiosité ne serait jamais assouvie, jamais on ne lui avait autant fait se poser de questions qu'elle savait foncièrement inutile mais qu'elle avait besoin de parler. « Attends, c'est vraiment ton premier film ? Putain, on va te rattraper ce manque d’éducation. » Et ils ont tentés de le faire- trop de choses à voir, trop de choses à lire, trop de choses à manger, trop de choses sous ces nouveaux angles : c'est beau, c'est harmonieux, c'est bon.


Elle n'en n’avait pas besoin, elle le savait parfaitement. Par pour vivre. Mais elle se devait de comprendre. Elle restait de plus en plus avec lui, de plus en plus à lui permettre de comprendre. Il parlait d’histoire, du cinéma, des peintures, de la gastronomie, mais surtout de musique. Il lui disait qu'il n'y avait rien à comprendre, juste tout à ressentir. Mais comment pouvait-on ressentir sans comprendre ? Elle avait besoin de comprendre, la créature empathique et sociale qu'elle était le devait. Pourquoi elle avait chaud aux entrailles comme lorsqu’elle voyait du rouge, pourquoi son monde semblait tourner, pourquoi elle ne pouvait pas rester loin de ce tourbillon qui l'emprisonnait ? « Pourquoi t'aimes autant le rouge ? » Pourquoi elle ressentait des émotions similaires à ceux de la Mère Supérieure venant de lui, mais en tellement plus puissant ? « Parce que ça me fait chaud à voir. »


« Ouais, mais pourquoi ça t'émoustille ? » Parce que le rouge était sa vie. Le sang, la chair, cette étoile tombée du ciel, sa mère, tout ce rouge qui envahissait son esprit et son corps… Le rouge était tout bien avant qu'elle ne naisse, le rouge ne pouvait que la définir. Le rouge était… « Parce que c’est… rassurant. C’est comme être encore une fois auprès de ma mère. » Dans l’œuf, dans sa chair, à se développer alors que d'autres se faisaient absorber. Plus qu’un, pour toujours et à jamais, plus seuls et envahis par ses propres émotions, ses propres pensées. A s'oublier et à accepter simplement l'extase qui les écraser. Il lui avait tenu la main, le tumulte émotionnel en lui plus fort. Indescriptible, une pointe de désir mais pas tout, désespéré de quelque chose, presque chagriné mais elle ne pouvait pas dire pourquoi. Elle le rendait triste ? Elle ne voulait pas le rendre triste. Elle lui avait également serrée la main, ne pouvant faire plus. Ils étaient en publique et elle ne comprenait pas tout de lui. Elle ne voudrait pas l'amener à ne faire qu'un avec elle alors qu'elle ne le comprenait pas encore.


On les regardait de temps en temps, elle ressentait ce qu’il y avait autour. Jalousie, envie, chaleur, joie, bonheur, incompréhension, tout ce flot de gens qui les regardait. Pourquoi réagir ainsi ? Ils étaient amis, c’était normal qu'ils soient ensembles. C’était normal qu'il lui enseigne à jouer de la guitare et qu'elle soit appliquée, qu'elle cherche à comprendre comment obtenir l’harmonie souhaitait tout en étant guidée par ses mains. Qu’ils s’amènent mutuellement de quoi manger parce que rien n’était bon à la cafète. Qu’il la laisse se mettre sur son dos quand elle n'avait pas envie de marcher- en réalité parce qu’elle ressentait son amusement quand elle le faisait. Il lui avait amené une fleur rouge une fois, elle lui avait amené une pochette d'une de ses démo avec son groupe. Pourquoi les regarder ainsi ?


Elle ne comprenait pas pourquoi elle avait sentit encore plus cette jalousie, à la limite de la colère, lorsqu'il se mit à chanter une chanson sur la couleur rouge. Elle l’écoutait, elle se laissait hypnotiser par la voix, la rythmique, le texte, par toute l'harmonie qui réduisait lentement son esprit à néant. De lui émanait toujours plus cette sensation, cette vibrance, cette émotion puissante qu'elle n'arrivait pas à nommer car elle ne la connaissait pas. Elle ne savait pas ce qu'il se passait, elle avait un besoin fou de comprendre. Elle était allée le voir après, elle n’en pouvait plus de ne rien comprendre malgré tout ce qu'il lui expliquait, de perdre cette bataille perdue d'avance face au Beau. « Qu’est-ce que tu ressens pour moi ? » Elle la sentait, puissante et dévastatrice. La vague. Et elle sentait une partie de luxure qui s’alimentait de cette émotion qu'elle voulait apprendre à déchiffrer, à comprendre à savoir, elle doit savoir. Il l'avait embrassé. « Je t'aime… » Aimer… elle avait le mot.


Et… elle voulait qu'il continue de ressentir le mot. Que ce flot incessant de bonheur, cette épiphanie de joie soit tout ce qu'il ressente. A jamais, une partie d'elle. Leurs corps entrelacés, les vêtements arrachés, plus rien entre eux car il ressentait de la luxure et de l'amour, et qu’elle aimait ça. Plus qu'un. À jamais un. Sa chair se collant à la sienne pour se confondre, ses yeux perdus dans un blanc infini avec elle, le sang qui coulait et la collait à la peau. Les cheveux dans les siens, ses os perdus dans sa masse musculaire. Plus qu'un. Avec elle. A l'aimer pour l’éternité.
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Elle avait maintenant douze ans. Et elle expérimentait dorénavant le paradoxe du cul de Bérengère. C'était son petit nom donné au flot incessant d’émotions qui venaient la pourrir quand elle voyait sa meilleure amie avec son premier petit copain. À tenir la main de ce premier petit copain, Jack. Et elle ne supportait pas Jack. Vraiment, elle ne le supportait pas. Tout chez lui hurlait tête de gland. Du gel dans ses cheveux à son allure, en passant par sa tête faisant la taille d'une pastèque. Simple métaphore pour parler de son égo. Ouais, il avait un égo surdimensionné digne des plus grand frimeur sans talent de la téléréalité. Chacun de ses mouvement, chacun de ses mots, même son accent new jersien forcé lui donnait des envies de violences.


Depuis que Bérengère avait ce petit con qui lui tournait autour, à lui passer le bras par-dessus l’épaule comme un adulte alors qu'il avait que douze putains d’années d’existence sur cette terre, elle avait des fantasmes de lui péter la gueule. Le truc… Ben c'est qu'il était pas méchant. Elle le voyait bien, et en plus il traitait Bérengère comme une vraie petite reine. Il faisait parti de ces jeunes alphas de la classe, ceux dont la simple notion d'en fréquenter un pote te donnait une ascension sociale dans la cour de récrée. Ce qui faisait qu'accidentellement, elle ne se faisait plus autant emmerder. Elle commençait à enfin pouvoir se fondre dans la masse scolaire. C'était du pain béni. Et pourtant la simple idée qu'il pourrait embrasser sa meilleure amie quand elle ne regardait pas la faisait bouillonner de rage.


Bien sûr, elle ne savait absolument pas pourquoi elle ressentait ça. Bérengère était heureuse, ça devait lui suffire ? C'était ce que devait souhaiter toute bonne copine à une autre, pas vrai ? Alors pourquoi elle avait cette folle envie que ses petits pois soient les yeux de Jack, pauvres petits pois qui n'avaient rien fait de mal alors qu'elle les poignardait de son couvert. Ce soir ce n’était pas son oncle qui était avec elle, mais Sam. Et Sam la regardait du coin de l'œil massacrer ces pauvres petits pois sans vergogne. « Ma chérie. Mon trésor. Ma puce. » Elle releva la tête vers Sam, qui était habillé en tant que Maggie Beauty. La perruque blanche jurée sur la peau noire, mais en aucun cas ce n’était laid. Son maquillage était impeccable, impactant même, faisant oublier que sous Maggie Beauty il y avait Sam. Le petit copain de son oncle. Ou petite copine. Sam s'en moquait du moment qu'on l'appelait. 


« Mmmhhh ? » « Arrêtes de massacrer ces petits pois. » Elle soupira, laissant sa fourchette sur le côté. Elle avait la joue contre son poing, le coude sur la table. Elle entendait le petit « tsk » distinctif de l'autre personne à la table. Elle soupira encore une fois, retirant son coude de là et se contenta de reculer dans sa chaise, croisant les bras. « Tu es d'humeur massacrante toi. Parles-moi de ce joli garçon. » « Il s'appelle Jack, il est con et on peut le trouver joli que si on aime la merde qui s’est faite passer dessus par un tractopelle. » Il y eu un silence, Sam la regardant avec une expression méconnaissable. Il prit une petite gorgée d'eau avant de répondre. « Et bien, ma puce, dis-moi tout, qu’est-ce qu'il a fait pour obtenir une description aussi éloquente ? » Elle se contenta de grommeler vaguement quelque chose, inaudible et incompréhensible même pour elle. « Trésor, qu’est-ce qu'on a dit sur le numéro du mâchouillage de barbe ? »


Elle soupira encore, cette fois dans une défaite des plus pures. Sam avait le don de la sortir quelques instants de sa bulle, de la force à arrêter de s'enfoncer dans ses mauvaises habitudes. Si elle faisait encore du baseball aujourd’hui c’était parce que Sam n'avait pas lâché l’affaire. Elle l'avait même déjà entendu hurler des insultes à sa mère depuis le téléphone. Elle ne lui avait pas dit qu’elle se doutait parfaitement qu'il devait s'agir du répondeur… « C'est le petit copain de Bérengère et il a l'air d'une mauvaise parodie de candidat de téléréalité. » Sam ne disait rien. Sam se contentait d’écouter. Sam préférait toujours écouter jusqu'au bout. « Il est pas méchant avec elle, il est juste… Sa tête me revient pas. Il agit comme un bonhomme avec ses bras de crevettes, sa crête est une invitation à lui arracher les cheveux et… Et il est juste con. Tu sais, ce juste con qui fait qu'on peut plus supporter de voir sa gueule. Et… Et il est avec Bérengère, elle est heureuse pour l’instant et… Et j'arrive pas à être contente pour elle… En fait, c'est plus comme si… Comme si j'avais l’impression qu'elle s’éloignait alors que ça a rien changé, on se parle toujours autant, on s’entraîne toujours ensembles, bref y a eu rien de mal ! Et ça m’énerve de pas savoir pourquoi… »


Elle se mit à regarder Sam. Sam qui avait un sourire à peine voilée. Oh, elle connaissait ce sourire, c’était celui qui disait que Sam avait la réponse à ses questions comme toute bonne marraine. « Me dit pas que je suis jalouse parce que Bérengère sort avec lui… » « Tu es jalouse parce qu'il sort avec Bérengère. » « Et merde. » Elle gagna un roulement des yeux de la part de la part de l'adulte en face d’elle. Le genre qui disait qu'il possédait une information croustillante. « Quand je vais dire à Erny que tu flashes sur Bérengère, je ferais ma soirée. » « Je flashe pas sur elle ! » Pour la défense de cette enfant, douze n'est que le début du cirque hormonale, et elle a toujours imprimé qu'on ne flashe pas sur sa meilleure amie. Mais c’était le cas. C'était le cas et il s'agissait d'une Drag Queen qui approchait de la quarantaine qui avait retourné son monde.


Elle était amoureuse de sa meilleure amie et ne supportait pas son petit copain à cause de ça. Parce qu'elle avait ce vide, le vide que Bérengère arrivait temporairement à combler, qui revenait avec force. Non pas qu'il l'avait quitté, il était juste… moins grand. Et elle voulait sincèrement que Bérengère soit heureuse. Qu'elle puisse éventuellement concrétiser une vraie relation. Une relation avec quelqu’un qui ne se faisait pas perpétuellement bouffer par des pensées négatives comme premier réflexe face à une situation où… Où elle avait peur. Elle avait peur qu'un jour elle le cogne ce Jack. Qu'elle le massacre. Que Bérengère la haïsse pour ça. Ou pire, qu'elle essaye de faire la médiatrice. Qu’elle cherche à comprendre… Qu'elle finisse par apprendre…


Elle avait déjà pourri la vie de sa mère. Au fond d'elle c’était une vérité. Qu'elle avait fait quelque chose et que cette chose faisait fuir la femme qui l'avait mise au monde. Que ça la faisait à peine passer en coup de vent, quelques mots, de minces espoirs et finalement le retour à la réalité quand sa mère partait sans dire au-revoir. C'était un joli surnom pour un crush mal placé, le paradoxe du cul de Bérengère. Et c’était ça. Mal placé. Très mal placé… Le fait de progressivement moins parler à sa meilleure amie se faisait tout seul. Ne plus s'asseoir ensemble à la cafète. Ne plus s’entraîner ensemble au baseball. Ne plus rien faire ensembles… Jusqu’au jour où elle dit à Bérengère de juste la laisser tranquille. Et dans le fond de son esprit, il y avait cette petit voix qui lui disait qu'elle avait raison de faire ça.


Elle venait de prouver qu'elle n’était pas une bonne personne. Ça ne servait à rien de rêver.
Jezzabella Corvino
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Mar 8 Oct - 15:33
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Jezzabella Corvino
Histoire partie 2 a écrit:
Elle avait réussi, au bout d'un moment, à devenir ce qu'elle voulait être. Médecin légiste. Ça avait prit plus de temps que prévu, plus de temps que nécessaire à force de changer d’apparence et de lieu. Parce qu'elle fusionnait, que des gens ne faisaient plus qu'un avec elle et que pour beaucoup c’était des cas de disparitions. Les humains avaient peurs, et elle commençait à comprendre pourquoi. Ils craignaient le pire pour leurs proches, craignaient un vrai malheurs autre que de se permettre d’être oublié dans sa chair, de n’être plus qu'un dans une épiphanie de délice. Elle s’était donc imposée une règle pour ne pas avoir à bouger encore trop vite, et même si elle ne l'aimait pas c’était très probablement pour le mieux. Ne pas fusionner avec des collègues de boulots. De gens avec qui elle allait rester souvent en contact, ressentir tout le tumulte émotionnel et qu’elle pourrait aider juste en permettant de s'oublier à jamais.

Rien de bien réjouissant pour elle. Elle allait devoir apprendre à supporter les émotions négatives qui rongeaient lentement les autres de l’intérieur. C'était douloureux de sentir le poids de chaque affaires lentement broyer les épaules des gens autour d'elle. Comme si le monde n’était là que pour les écraser, parce qu'il n'y avait rien qui pouvait l’empêcher de les soumettre à des épreuves pour leurs esprits. Pas elle. Le sang, la mort, les cadavres… Elle n'y voyait pas grand-chose de plus, les émotions étaient parties. Il n'y avait rien de triste, rien à consoler, rien à absorber pour tenter de le rendre heureux. Même au sein de ses collègues, à part les plus jeune, il n'y avait rien. Juste de la lassitude qui ne faisait que grandir. « T'en as du cran, d’habitude les nouveaux gerbent à la première affaire. » Elle n'allait pas gerber pour le corps d'une femme tordu dans tout les sens. Son chef avait dit qu'ils n’obtiendraient rien sur ce coup à cause de l’Omerta.

Il avait raison. Pour toute affaire concernant la mafia, il avait raison. Jamais un témoignage, jamais un indice, jamais rien. Pour tout dire, c’était frustrant de voir la limite de la logique face à elle-même. Face à ces règles, ces us et ces coutumes. C'était la première fois qu'elle voyait l'humain limité ainsi par lui-même, à ce point incapable de faire le moindre mouvement. Affaires si vites classées dans une sorte de complaisance, elle sentait même le plaisir de certains à cette situation. Elle non. Elle n’était pas humaine, elle n’avait pas à être limitée par leurs règles. Alors quand son chef disait qu’ils n’obtiendraient rien, elle trichait selon le standard humain. En réalité elle usait enfin de ses capacités à plein potentiel, à invoquer des émotions qui trahissait leurs pensées, à atteindre des indices inaccessibles, à ne pas prendre le non de son chef comme un non définitif. À ne plus se faire limiter par l’humanité, pour une fois.

Elle s’était rapidement retrouvée dans une série de problèmes. Principalement des tentatives de la tuer. Les balles qui transperçaient sa chair, le goût amer de son café, les coups de poignard dans le dos. Et elle survivait. Parce que ce n’était rien. Parce qu'elle n’était pas humaine, et que ses instincts profonds reprenaient le dessus, ceux de la créature venue d'une étoile rouge. Recracher les balles par la bouche, sourire à la personne qui lui avait donné son café empoisonné, retirer le couteau et laisser la chair se refermer… Pourquoi les humains agissaient ainsi ? Comme les animaux dont ils se voyaient si souvent supérieurs, à se laisser guider par la peur? Elle le sentait, la peur devenait le moteur. Son chef était furieux à chaque tentative, il était furieux qu’elle revienne avant l'avis des médecins, furieux qu'elle n’écoutait pas. « Stellarossa, pour l'amour de Dieu tenez-vous à carreau et arrêter de tenter de vous faire tuer ! »

Ce n’était pas ce qu'elle tentait, pour elle c’était simplement avancer dans les enquêtes et démanteler un membre à la fois un réseau qui pesait sur le moral de ceux autour d'elle. Pourtant la situation semblait toujours plus agresser le moral de chacun, parce qu'ils avaient peur pour elle. Elle n'avait jamais eu autant envie de dire que ce n’était pas ça qui la tuerait, qu'il n'y avait rien à craindre, qu'elle n’était pas humaine et que ce n’était pas ça qui fera d'elle un simple écho du passé. Parce qu'elle les sentait, sentait si attentionné et malheureux, mais que sa règle l’empêchait de les faire oublier. Parce qu'elle ne devait pas, peu importe combien à la fin ils ne seraient qu'extase. Peut-être qu'en parler à une personne qui serait ainsi rassurée permettrait par un effet domino d’apaiser les autres… Elle ne savait pas. Les risques étaient élevés. Très élevé, presque trop. Mais les humains ne faisaient-ils donc pas ça, prendre des risques et parler à leurs proches ?

Son chef avait finit par l'inclure, avec un groupe de cinq agents bien plus vieux qu'elle, sur des missions en internes. Des missions pour débusquer des taupes, parce que le chef savait qu'il y en avait bien avant l’histoire du café et qu'il voulait pouvoir mettre fin à la corruption d’au moins un service. Essentiellement des personnes pour qui il rayonnait d’estime. Le dire ou ne pas le dire était de plus en plus envahissant, parce que d'un coup l’inquiétude avait grimpait d'un bon cran. « Esdraela, fais gaffe. On sera pas toujours là à temps. » À temps pour sauver quelque chose qui n'avait pas besoin d’être sauvé ? Elle souhaitait tellement leur montrer, tellement leurs faire comprendre qu'il n'y avait aucun problème, aucun vrai problème. Que chaque personnes qu’ils arrivaient à arrêter n’étaient pas un danger potentiel mais un problème en moins.

Elle en avait eu marre au bout d'un moment. Marre de cette inquiétude qu'elle n'arrivait pas à effacer. Pourquoi elle ne pouvait pas faire simplement comprendre ? Alors, elle a décidé d’absorber cette inquiétude qui refusait de partir. Ils avaient tellement d’informations sur ce réseau, savaient qui en été le chef, où était la base d’opération mais si peu de soutiens ou de moyens qu'ils ne pouvaient rien. Les humains ne pouvaient rien. Pas elle. Quand elle était arrivée à ce club, trempée qu'elle était par la pluie, son regard était rouge. Rouge comme le sang. Rouge comme leur sang. Rouge comme les murs. Rouge, rouge, rouge, que le rouge lui avait manqué, que le rouge fût absent de sa vie. À essayer de l’abattre, de la tuer, de s'en débarrasser. De ne pas faire qu'une seule entité, figée dans la terreur et la douleur quelque part au fond d'elle.

Pas de communion extatique, juste l'horreur des hommes dissout, de la chair fondu dans la sienne, du sang pompé loin du cœur. De n’être plus qu'un amas de muscles perdus, de ne plus être rien sauf cet écho froid de terreur, d’horreur, de dégoût, ce mauvais souvenir sans aucune autre signification que de n’être qu'un avec elle, un dans l’enfer d'une angoisse éternelle, un dans la mort qui n'en n'est pas une. Un dans le rouge. Elle aimait ce rouge. Elle aimait le fait de savoir que cette source d’inquiétude n’était plus, même si ils ne devraient jamais savoir ce qu'elle était. Ce qu'elle pouvait faire. Elle le savait parfaitement alors qu'elle était allongée sur le sol, laissant le rouge qui baignait la pièce l’apaiser. Elle ferma les yeux, souriante à la sensation rassurante du sang collant sa chair.

« Y a eu un massacre au Stallone. Bon débarras. Par contre va falloir trouver le boucher qui a fait ça. » Non. Elle ne pouvait décemment pas le dire.
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Cette bagarre, c’était un vrai massacre. C'était tellement un massacre que la convocation au bureau du principal était immédiate. Elle avait les jointures qui lui faisaient mal, ses côtes hurlaient à la mort et son nez pissait le sang. Sans parler de l’œil au beurre noir qui entourait maintenant son œil droit. Mais non ! Plutôt que d'appeler une ambulance, il fallait voir le grand manitou pour fournir des explications et subir encore en une analyse freudienne foireuse sur le lien entre son comportement autodestructeur et l’abandon de sa mère. Encore. Elle avait aucune envie de subir une nouvelle fois cette humiliation qui devait faire bander sec le vieux connard. Elle regardait ses mains. Elle était gauchère. Sa main droite avait bien morfler. Elle était plus à une connerie près.

Suivant le surveillant de couloir qui sifflotait parce qu'il en avait rien à foutre, accompagnée des autres participants de la bagarre qui étaient en aussi piteux états qu'elle et d'une pauvre victime qui n'avait rien demandé, elle prit son index droit dans le creux de sa main gauche. Trois… Deux… Elle retourna d'un coup sec son doigt avant d'atteindre le chiffre un. Le bruit écœurant résonnait dans tout le couloir, coupant le sifflement détendu du surveillant. Il osait à peine se retourner pour la voir avec un visage tordu par la douleur. Sa voix aussi était affectée par cette sensation, devenant cassante et étouffée. « On peut passer à l'infirmerie maintenant… ? » La case infirmerie fut suivie par la case hôpital qui elle-même fût suivit par la case psychiatre.

Ouais. Un psychiatre. Pour une gamine d'à peine quatorze ans. Et à peine était-elle rentrée avec son sourire qui se voulait rassurant et sa petite mallette qu'elle avait décidé qu'elle en avait marre. Sa petite voix chantante aussi la gonflait déjà. « Bonjour Jezzabella, je suis le Dr. Morgan. Je suis là pour parler de tes problèmes. » Pour sa défense concernant la suite des événements, l’anesthésiste avait dosé comme un sagouin. « Ben moi j'ai envie qu'on me foute la paix et de me reposer… Alors vous prenez votre jolie mallette et vous dégagez pour au moins vingt-quatre heures avant que je vous en fasse bouffer le cuir… » Non mais vraiment, il avait dosé comme un sagouin. Elle n'avait pas encore reçu de visite de son oncle ou de Sam, donc elle doutait que ce soit leur idée pour cette psy. Elle doutait même qu'ils fassent le déplacement. Elle savait dans le fond qu'ils viendraient, mais elle était dans une situation tellement foireuse qu'elle préférait penser au pire.

Peut-être qu'ils étaient passés quand elle était en train de dormir ? Peut-être qu'ils avaient même croisés la petite psy ? Elle se demandait si elle avait commencé les théories foireuses sur son comportement parce qu'elle n'avait pas de figure maternelle dans sa vie. Elle souhaitait que non, parce que cette histoire de mallette ne serait plus un simple incident causé par la morphine. Mais ce qui importait, c'était qu'elle dormait quand son téléphone avait vibré. Qu'il était tard dans la nuit, si tard que la lune était à son zénith. Et qu'elle était encore groggy à cause de l’anesthésie. Elle arrivait à peine à tenir son téléphone quand elle avait décroché, se contentant de le poser contre son oreille. « M‘llô… » « Jazz… ? » Elle n’était pas très bien réveillée, et la personne en face semblait tout autant en éveille.

« C'qui… ? » « C'est maman… » Elle avait sauté un battement de cœur, ses yeux regardant maintenant vaguement dans le ciel. Vaguement vers un potentiel connard dans les cieux, qui devait se marrer. Elle fit un doigt d'honneur au plafond. « Tu fais quoi… ? » Sa mère qui l'appelait. Et qui lui demandait quelque chose sur elle. Elle ne se demandait pas de qui elle tenait le numéro, sûrement son oncle. Ce qu’elle se demandait par contre était le taux d'alcool dans le sang de la femme de l’autre côté du fil. « T'es bourré ? » « Juste… Quelques bouteilles de bières… Mais vraiment, tu fais quoi… ? » Gé-ni-al. Elle avait VRAIMENT besoin de ça. De sa mère qui a besoin de se torcher pour l'appeler. Mais… Elle prenait un peu tout ce qu'elle pouvait. Le futile espoir d'avoir enfin un début de lien.

« J'suis à l’hosto… Bagarre… » « Oh… T'as donné pire ? » Étrange mais… elle se mettait à sourire. « Ouais… » « Tant mieux… » Un silence naissait lentement entre elles. Elle n’osait pas parler. Rien demander. Elle avait peur que ça la ferait fuir, qu’elle parte encore une fois sans rien dire à cause d'elle. Les vieilles angoisses ont la vie dure. « Et… tu t'es battue pourquoi… ? » Bonne question. Pourquoi elle s’était battue ? Pourquoi est-ce que quelqu'un comme elle chercherait même la bagarre ? Parce qu'il y avait une malheureuse victime. Oui, la fameuse victime. Le garçon typique qui se laisse marcher sur les pieds et qui ne possédait rien pour se défendre. Qui était juste un souffre-douleur. Qui s'en prenait plein la gueule. Et pourtant… Peut-être que c’était parce qu’être flic était dans la famille. Peut-être parce qu'elle aussi elle en bavait. Peut-être pour s'acheter une bonne conscience aussi. Mais elle s’était interposée. Et elle leur avait bourré la gueule comme jamais on la leur avait bourré.

« Brutes… Contre un gamin… J'ai pas aimé… » Elle entendait sa mère lâcher une sorte de rire. Elle ne l'avait jamais entendu rire avant. « Dieu merci, tu n'es pas comme lui… » Lui ? Lui qui ? Elle n'avait jamais entendu un lui avant, et apparemment sa mère était soulagée du fait qu'elle ne lui ressemblait pas. « C'est qui lui ? » Le rire était mort. Et au fond d'elle, elle sentait qu'elle avait encore merdé. Que sa mère allait encore disparaître. Qu'elle allait encore être toute seule face à ses questions et au vide. Mais elle voulait savoir, elle en avait besoin. C'était qui lui ? « Maman… ? » Elle eu juste la tonalité pour seule réponse. Elle pleurait rarement, trop engloutie dans ses pensées noire pour ce luxe. Mais… Pour cette fois elle se l’était permise.
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Ils avaient eu cette affaire une fois, une affaire plutôt étrange. Tout commença par un bébé dans une benne à ordure. Elle avait encore une fois changé d'apparence et de ville, dorénavant à Rome et non plus à Palerme. Moins de corruption, moins d’inquiétude, moins de beaucoup de choses qui lui avait donné tant de mal la première fois. Son nouveau chef était un homme plus tranquille que le précédent, plus typé flic nounours et non pas Dirty Harry- qu’est-ce qu'elle avait aimé ce film. Et il y avait donc ce bébé dans une poubelle, une arme ensanglanté non loin et un pendentif autour du coup. Vivant, le cordon ombilical encore attaché. Le sang qui ne lui appartenait pas mais dont l'ADN concordait. Au début l’idée fût une scène de ménage ayant très mal tourné. Mais elle en doutait, à cause de la manufacture de l'arme et du collier. Pourquoi des humains abandonneraient leur progéniture ?

Mais ce n’était que le début. L’enfant fut bien entendu placé sous la garde des services sociaux, tandis qu’eux enquêtaient pour essayer de retrouver la mère. Ou le père. En tout cas tenté de savoir qui il fallait mettre sous les barreaux pour l'abandon. Elle était dans sa période films, musiques, confiseries et heures supplémentaires. Elle restait généralement seule dans le laboratoire, entourée de documents et laissant la machine tourner alors qu'elle étudiait avec attention chaque indices. Elle examinait la lame ce soir là, un poignard de grande qualité. Elle pouvait immédiatement dire qu'il était équilibré, peut-être même utilisé pour le lancer de temps en temps. Elle avait prit note de l’odeur et le goût du sang, lui permettant de reconnaître le propriétaire au moindre contact. Un petit tour qu’elle avait finit par apprendre.

Elle avait ses cookies à portée, les grignotant tout en observant l’arme du crime potentiel et le médaillon. Elle reconnaissait une similitude dans le design, une tête de démon finement gravée entre des arabesques entrelacées. Elle prenait ses notes, faisant un croquis entre deux miettes. Elle avait également noté une sorte d’alphabet sur les côtés du pendentif, qu'elle allait sûrement devoir apporter à la section linguistique de l’université. Elle commençait à se dire qu’il devait y avoir toujours plus à creuser quand elle remarqua l'ombre sur son bureau. Ses instincts étaient explosifs, elle n’était plus aussi innocente depuis son temps en Sicile. Elle laissa sa tête se faire trancher, roulant sur la table alors qu'elle observait son assaillant. On aurait dit un Ninja, comme dans ses films d’art martiaux.

Son corps se retourna vers l’assaillant tandis qu'elle faisait pousser des os à la base de sa nuque, suivit de tendon et de muscles pour déplacer sa tête décapitée. « Je peux vous aider ? » L'assassin écarquillait les yeux, transperçant son corps au niveau du cœur alors qu'elle faisait ramper sa tête jusqu’à son cou. Le rouge… Elle aimait ce rouge. Comme elle appréciait la sensation de ses mains se mélangeant dans celle de l’inconnue, bloquant sa main dominante lentement dans son corps. Sa tête ne fit de nouveau plus qu'un avec son corps dans un son de craquements et de déchirement sous la confusion de l'homme. Confus, souffrant, mais pas terrorisé. Elle pencha de nouveau de nouveau la tête avant de sentir la forme de la tête de démon sur la garde de la lame. « C’est vous le père de l'enfant ? » Elle n'eut pour toute réponse que l'homme qui se trancha sèchement la main avec un poignard, ce dernier reculant alors qu'elle absorbait le reste de son appendice.

Il avait fuit, et elle dût déplacer la lame ailleurs dans son corps pour garder une explication pour les humains autour d’elle. Ils avaient décidé de mettre sous scellé les indices, ainsi que de placer des policiers au refuge où se trouvait l'enfant. Son chef lui avait demandé à plusieurs reprise de bien lui décrire comme il faut l'assaillant, mais elle ne pouvait que le décrire sous ces termes : il était déguisé en ninja et il avait une main en moins. « Esdra, on va se mettre d'accord pour le bien du rapport. Il était juste masqué. » Elle avait du mal à comprendre pourquoi. Mais elle fut, encore une fois, mise sur le banc de touche à cause de ce qu'il s’était passé. C'était encore une fois frustrant mais elle apprenait à vivre avec.

Ce n’était pas comme si ça allait l’arrêter. Qui disait mise à pied disait pouvoir continuer l’enquête de son côté, sans avoir à se limiter au sein de son environnement de travaille. Sa curiosité était bien trop éveillée par cette rencontre avec le ninja. Elle n’avait jamais rencontré d'humains qui agissaient ainsi, qui étaient prêts à se mutiler de sang-froid. Sans que ce soit dû au désespoir de la survie. Et comme a chaque fois qu'elle ne comprenait pas, elle avait besoin d'apprendre. De comprendre. De se nourrir de ce savoir qu'elle ne possédait pas. La section linguistique lui avait apporté peu de réponses en la matière, la traduction ne lui donnait aucune indication supplémentaire si ce n’était qu'encore plus de questions. « Que les Ombres vous gardent. »

C'était ce qui avait rendu cette affaire réellement étrange. Pour la première fois de son existence elle se retrouvait avec une énigme dont elle ne trouvait pas la réponse sur place. Et pour la première fois, elle ne partait pas parce qu'elle avait aimé quelqu’un au point de ne faire qu'un avec. Elle avait juste un mystère à comprendre. Pourquoi abandonner un bébé ? Oui, juste ça. Les bébés, leurs parents devaient les aimer, non ? Alors pourquoi les abandonner ? L'amour, c’était rester ensemble non ?
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Devoir se taper les visites chez le psy parce qu'elle avait cassé son doigt était une torture. Devoir en plus supporter la phase de la construction du lien était ce qu'elle surnommait le pompon. Le jolie pompon dont elle n’avait absolument pas besoin pour continuer à vivre et exister, le pompon qui la narguait continuellement avec un sourire débile et des maracas. Bref. Un pompon de connerie. Un pompon d’échec futur aussi, parce qu'elle n'avait aucune envie de nouer un lien artificiel qui était sensé l'amener à se dévoiler. C’était ainsi depuis tellement longtemps qu'elle n'allait pas changer sa façon d’être pour une personne qu'elle ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam, une personne qu'on forçait à insérer dans sa vie pour pénétrer des défenses si vieilles qu'elle ne savait même plus de quand elles dataient.

Sarah Morgan avait donc intérêt à s’armer d'une patience en béton armé car ce serait de longues séances. Très longue séance. Des séances sans grand-chose à faire, des séances à se tourner les pouces en silence. Des séances à se faire chier. Ça c’était le plan de base. Parce que Sarah Morgan, en plus de sa patience en béton armé avec surcouche de titanium, était rusée. Un genre de ruse sournoise à laquelle aucune adolescente digne de ce nom n’était préparée : elle avait encore une âme d'enfant. Alors la voir dessiner sur son carnet avec une sorte de concentration dans le silence morne de son cabinet était plus que surprenant. Un adulte digne de ce nom serait assis à observer ses moindres mouvements alors que ses bras sont croisés. Mais pas elle. Rien à dire, rien à écouter, alors du temps pour dessiner.

C'était étrange à vivre au début. Inconfortable. « Si tu veux dessiner ou sortir une console pour jouer il n'y a aucun problème. » Au début elle était réfractaire. A la troisième séance elle avait commencé ramener sa DS, jouant à Final Fantasy III tandis qu'une adulte responsable la laissait faire sans vergogne. « À quoi tu joues ? » Elle n'avait répondu qu’à la séance suivante. « J'y jouais quand j’étais plus jeune, sur la vieille console de mon père. » « Il était vachement jeune alors. » « Non, juste grand fan de nouvelles technologies. Il rendait ma mère folle. » Ce n’était jamais vraiment grand-chose. Juste quelques petites phrases par-ci par-là. Juste des mots qui faisaient leur bonhomme de chemin entre elles. Et avant même qu'elle ne le sache, la phase construction de lien s’était faite. Et elle se mettait à parler.

« J'ai dû voir ma mère au moins cinq fois dans ma vie. » « Pourquoi tu me dis ça ? » « Parce que les gens pensent que c'est le problème… » Elle n'avait jamais vraiment parler du fait que sa mère était absente. C'était juste quelque chose que les gens apprenaient à un moment. Dans son dossier scolaire, dans son dossier médical, en venant chez elle, en la voyant avec son oncle… Les gens le découvraient et ils assumaient que c’était l'absence en elle-même qui la rongeait, le fait qu'elle ne soit pas auprès d'elle qui était la source de tout. C'était plus compliqué… « Et ton père ? » « J'oublie souvent que je dois en avoir un. » C'était vrai. C'était pas un sujet qui sortait souvent dans les discussions, on le sortait même jamais. Jamais on ne parlait de lui, jamais elle n’apprenait quoi que ce soit sur lui comme jamais elle ne posait de questions sur lui.

Et… ça prenait une nouvelle tournure. On ne lui posait pas de questions QUE sur sa mère. On lui posait des questions sur l’ensemble de sa vie. C'était tellement rafraîchissant qu'elle se décidait enfin à laisser un peu son armure de côté. « J'ai vu une femme qui venait te chercher parfois. Elle est très belle. C'est une amie de ton oncle et son petit copain ? » « Maggie Beauty ? C'est l’identité de drag de Sam, elle aime bien sortir comme ça. » Elle avait vu des regards de gênes mais jamais d'aussi purs et beaux, ni avec autant de rouge. Elle remarqua que Sarah notait quelque chose sur son calepin. « Je vais écarter la piste du manque de présence féminine. » C'était… Inattendu qu'on retire enfin ça. Qu'on enlève le fait qu'elle manquait d'exemple de femmes de la liste des possibilités. Elle commençait lentement à se dire que, peut-être, quelqu’un mettrait enfin le mot sur le problème.

« Et donc, depuis ce match de baseball, tu as du mal à jouer correctement ? » « Pas vraiment… C'est juste que… Que j'ai plus envie de me donner à fond. Comme dans tous les sports que je fais. J'ai juste l’impression que ça sert à rien. » « Tu as déjà essayé une nouvelle activité plus contemplative ? » Elle n’avait jamais essayé. C'était quelque chose de nouveaux pour elle de juste s'allonger sur le toit et de regarder les étoiles. Elle ne savait plus vraiment pourquoi elle avait choisi cette activité. Probablement parce qu'elle savait que les extraterrestres existaient, il y en avait un à Metropolis après tout. Et plusieurs autres au sein de la Justice League aussi. En fait, il devait y en avoir partout. Quoi qu’il en soit, regarder le ciel la fascinait et la détendait. Elle commençait un peu à retrouver une passion qui ne la pesait pas.

« Tu as vu des ovnis ? » « Nan, juste des étoiles. J’en ai vu certaines qui sont bleus, d’autres rouges, j'en ai même vu une violette ! C'est juste… Je sais pas, je m'attendais pas à ce que ce soit aussi coloré. » « Parce que c'est une immense mare noire ? » Ouais. Parce que c’était une immense mare noire. Inconnue et pleine de mystères. Elle commençait enfin à sérieusement étudier un sujet, malgré le côté tardif de la chose. Elle commençait à rêver d’autres chose que d’un vide immense, il y avait maintenant une infinité de tâches dedans. Elle se sentait infiniment petite et c’était magnifique. Elle se sentait juste être dans un grand tout, un grand tout où sa petite vie misérable ne signifiait absolument rien. Elle était juste quelqu'un parmi tant d'autres. Qu’est-ce qui pouvait rendre de nouveaux les choses si terrible ?

« Culpabilité du survivant, ou du moins un syndrome jouant autour de cet état émotionnel. C'est mon premier diagnostic. » « Hein ? » Elle ne s'y attendait pas. Elle ne s'y attendait vraiment pas. « Et… Culpabiliser sur quoi… ? » Elle eu pour réponse un soupire suivit d'un regard désolé. Le regard qui disait qu'elle n'allait pas apprécier. « Je pense que l'absence de ta mère, si elle ne te manque pas, te fait culpabiliser en partie. Tu ne sais pas pourquoi elle n'est pas dans ta vie, donc tu penses que c'est de ta faute. Que tu as fait quelque chose de mal à son égare. Que tu aurais pu faire plus. » Elle était sans voix. Scotchée. Parce qu'elle avait enfin un mot et qu'elle ne voyait pas en quoi il était incorrect. Parce qu'elle avait ce sentiment que c’était… Étudié. « Tu devrais en parler à ton oncle et Sam. Ils pourront peut-être t’éclairer. Je sais que toi et ta mère n'avez quasiment aucun contact. »

Et c’était la première fois depuis des années qu'elle et ses tuteurs avaient vraiment parlé. Elle… Elle n'avait pas aimé ce qu'elle avait entendu… Et elle était retournée à son état premier, à la case départ, parce qu’elle savait que sa mère avait raison de ne pas chercher à avoir de contact. Qui aimerait voir la preuve qu’on l'a violé… ?
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Elle manquait de preuve. Elle le savait parfaitement. Mais elle ne manquait pas de pistes. Elle n'avait jamais manquée de piste à force de remonter cette montagne de mystères. Pourquoi un humain abandonnerait son bébé ? Pourquoi faire des choses qui sont vues comme mal au nom d'un bien ? Qu’est-ce que c’était, cette notion de bien et de mal ? Était-ce l'amour et le rejet ? Pourquoi chercher à devenir mieux qu'humain quand on rejetait le plus ? À partir de quand un humain était plus ? En quoi faire des choses comme elle était mal ? L’évolution était donc mal ? Pourtant l’adaptation ne pouvait que pérenniser l’espèce, donc c’était bien ? À moins que les humains ne soient pas bien ? Était-elle… tombée sur des humains qui n'aimaient pas les autres humains ?

Son cerveau était face à des nuances, mais surtout des non-sens. Pourquoi était-ce si complexe ? Pourquoi n’avait-elle pas de réponses ? Et elle avait essayé de comprendre. Mais elle ne ressentait en eux que de la dévotion, de la peur ou de la haine. Parfois elle ressentait quelque chose qu'ils appelaient amour, amour pour un démon, mais ce n’était pas de l’amour. Elle avait goûté à l'amour, et ce n’était pas aussi toxique. Ça ne rendait pas aussi… Illogique. Oui, ils étaient illogique, une nuée de drones à l'esprit étroit qui ne lui donnaient aucun réponse. Mais elle pouvait en obtenir, pas vrai ? En trouvant ce démon, elle en trouverait ? C’était ce qu'elle se disait, et elle creusait. Et elle les amenait loin de cette dévotion toxique, parce que dans un sens ils n'y étaient pour rien. Leurs esprits étaient embrumés.

Elle devait les aimer. Elle devait leur montrer ce qu’était cette émotion, ce bien-être et cette extase infini. Elle devait montrer ce que c’était que de faire partie d'un tout, de ne faire qu’un dans l'oublie parce qu'on était adoré et qu’on adorait en retour. Ils la surnommait la Dévoreuse, mais c’était faux. Dévorer, c’était tuer pour obtenir des nutriments nécessaires à la survie. Elle ne faisait que fusionner, partager, donner autant que recevoir, en faire une partie d’elle-même à tout jamais. Elle aimait ! Elle le redisait mais elle aimait ! Et rencontrer des humains qui détestaient leur propre espèce lui donnait encore plus envie d'aimer ! Parce qu'elle n’était qu’une créature empathique remplie d'amour, qu'elle sentait cet amour et le bonheur apporté par ce dernier. Elle devait le partager.

Elle devait le partager avec tous. Mais pas tout le temps hélas. Elle continuait d’être médecin légiste  passant d’un poste de police à un autre dans sa quête perpétuelle des Ombres. De cette Ligue étrange qui ne semblait pas vouloir accepter le cadeau de pouvoir aimer et être aimé sans concession. Cette Ligue et son étrangeté l’obsédait, elle était si curieuse de comprendre, d’obtenir des réponses, qu'elle se coupait parfois de son poste qu'elle aimait pourtant. « Hey, Esdra, la terre a besoin de rapports d'autopsie. » Mais elle avait toujours quelqu'un pour la sortir de l’infinité de questions qu’était son esprit. Et ce quelqu'un était Genny. Elle ne notait que très rarement les nom des gens, voir jamais. Mais Genny… Elle ressentait toujours une immense peine en elle. Une peine qu'elle ressentait même quand elle arrivait à invoquer du bien-être.

Elle se demandait si Genny était cassée, dans le sens où elle était condamnée ressentir une peine immense sans jamais pouvoir goûter à une pure joie. Elle espérait que non. Elle espérait que l’inspecteur de police avec lequel elle travaillait puisse goûter à ces émotions qui ne pouvait qu’emplir du meilleur. Elle avait donc fait une pause sur la Ligue, parce qu'elle avait un devoir et un mystère sur les bras. Elle avait tout le temps du monde pour trouver ses réponses, et Genny n'avait pas tout le temps du monde pour oublier une bonne fois pour toute sa peine. Mais c’était dur. Parce que Genny ne laissait personne entrer dans son petit monde intérieur. C'était… Étrange. D'habitude, on la laissait entrer sans sourciller. Avec un sourire. Mais pas là. Non, là on la repoussait. « Merci pour le café. Et le rapport ? » On la repoussait par le travaille. Et elle sentait que c’était ça. Qu'elle avait peur.

Elle avait peur de quoi ? Elle savait que les humains avaient peurs de choses simples. Qu'ils craignaient des choses logiques. Alors… Pourquoi elle avait peur de la laisser rentrer dans son monde sans avoir peur d’elle ? Pourquoi était-elle sur un banc de touche comme ça ? A chaque fois qu’elle essayait de nouer un lien, Genny la repoussait. Un humain serait frustré. Elle était titillée. Elle voulait comprendre, apprendre cette chose inconnue qui faisait réagir Genny ainsi. Elle était une créature curieuse après tout. Alors elle collait presque tout le temps l’inspecteur, elle cherchait à voir par où passer dans ses défenses mentale pour mieux faire disparaître la douleur et le vide qui l’envahissait. Parce qu'elle le devait, parce qu’elle était curieuse, parce qu'elle obéissait à ses instincts. « Esdra… T'as un crush sur moi ou quoi ? » « Un crush ? C'est quoi ? »

Elle n’était pas humaine. Elle ne le serait jamais. Mais elle pouvait comprendre les humains, à la longue elle paraîtrait sûrement quasiment comme eux. « Tu sais… Oh et puis laisses tomber. » Elle avait ressentie la gêne de Genny. Son malaise à expliquer. Résultat elle ne savait pas toujours pas ce qu’étais un crush et dût se résoudre à chercher sur Wikipédia. crush \kɹʌʃ\ 1 : Foule, presse. 2 : Béguin, premier amour. To have a crush on : Avoir le béguin pour. Elle supposa qu'elle parlait de la deuxième définition car elle n’était pas un rouleau compresseur. Donc, Genny pensait qu'elle avait de l'amour pour elle ? C'était le cas, comme elle avait de l'amour pour chaque personne qu'elle avait rencontré sur cette planète bleue. Donc, quand elles s’étaient recroisées dans l’ascenseur du commissariat, c’était sortie tout seul. « Au fait, j'ai vérifié la définition de crush. Je crois que ça correspond bien. »

Genny avait fuit. Son cœur battait la chamade sous les yeux d'Esdraela. Et ce flot d’émotions négatives la rongeait. Elle se demandait si… Si elle avait fait quelque chose de mal… Si elle l'avait blessée… Elle eu sa réponse le soir, en la voyant pleurer dans le vestiaire et sentant l'alcool à plein nez. L'alcool, c’était pour la fête non ? Pourquoi elle était… Brisée. Cassée. Rongée. Elle s’était mise à côté d'elle, l'observant sans savoir quoi faire. Ses instincts lui disaient d’apaiser, fusionner, faire oublier… Mais... Elle doutait que ce soit ce qu'il fallait. « Genny… Il est tard tu sais » « J'sais… » Elle fit alors comme tout humain ferait. Elle la prit dans ses bras et la laissa pleurer contre elle. Elle entendait vaguement quelques mots, comme déteste, incapable, mauvaise, monstre, indigne… chaque mots résonnaient toujours plus fort dans le vide qu’elle sentait au sein de Genny. Elle devait comprendre, sinon elle ne pourrait jamais la faire oublier.

« Tu veux bien m'en parler ? » « Ma fille… J'suis jamais là pour elle… Elle me hait… » Elle se mit à lui sourire doucement. C'était juste ça ? « Ma mère a jamais été là et je ne la hais pas. » Elle sentait le flot revenir. L’écraser. Elle était écrasait par un flot de pensées négatives alors que Genny prenait son visage entre ses mains. « Elle ne t'a pas abandonné, elle. » Et son monde était de nouveau écrasé par tant de choses qu'elle ne comprenait pas. Elle aimait sa fille. Mais elle avait peur, elle ressentait de la haine, le désespoir l’envahissait et l’écrasait tel un marteau de guerre. Elle… Elle… Elle était vide pour la toute première fois. Elle lui saisit les mains et se leva, l’entraînant avec elle. « Viens… Je te raccompagne. » Vide, vide, vide… Comment pouvait-on autant ressentir un tel vide. Comment pouvait-on vivre dans un tel vide.

Elle n'allait pas la laisser seule avec son vide.
_


Dans le flot infini du vide de l'espace, il y avait une étoile qu’elle adorait regarder. Elle était rouge et brillait de milles feux. Elle n'avait pas de nom, et il semblait que personne ne l'avait jamais découverte. Semblait. Elle était certaine qu'elle devait déjà avoir un nom scientifique, mais pour elle son petit surnom était Red Sonja. Parce qu'elle avait un amour immodéré pour certains vieux comics et qu'elle soupçonnait Wonder Woman d'avoir entendu parler du personnage. Ou qu'une amazone avait permis la création du personnage. Peut-être que Howard était un metahumain qui communiquait avec des esprits éloignés ? Ce serait poétique… Mais peu probable. Il devait juste être fou. La folie c’était quelque chose que Gotham cultivait, c’était sa ville d'enfance, la ville qui l'avait vu grandir.

Une ville voisine à celle de sa mère. Parfois elle arrivait à voir Metropolis depuis son télescope. Parfois elle avait envie d'appeler sa mère pour s’excuser. Elle n’avait rien à se reprocher, on le lui disait tout le temps. Mais… Maintenant qu'elle savait pour sa conception… Elle comprenait enfin pourquoi sa mère mettait autant de distance. Elle était un souvenir d'une horrible nuit, un souvenir qui entacherait à jamais toutes tentatives de nouer des liens solides entre une mère et sa fille. C'était une condamnation à l’échec. Mais elle voulait s'excuser. Se faire pardonner. Lui dire qu'elle aurait jamais dû naître, qu'elle aurait jamais dû ruiner sa vie par sa simple existence. Elle est un écho du passé qui refuse de partir. Elle était sensée prendre des médicaments. Mais elle ne les prenait pas. Elle ne voyait pas en quoi c’était important car elle le méritait…

« Ah… Sonja… Est-ce que tu as une mère ou une fille ? Est-ce que tu arrives à lui parler, et à nouer des liens ? » C'était ridicule de parler à une étoile et elle le savait. Elle avait accepté la futilité de la chose dès l'instant où elle avait commencé à le faire. Mais elle le faisait quand même, parce qu’avoir la tête dans le ciel était une bonne excuse pour le faire. Parce que ça la détendait aussi. Parce qu’elle avait un instant l'illusion de ne pas s’être entièrement isolée du monde sans aucune corde de retour. Mais c’était ça. Une illusion, une illusion qui ne pouvait que revenir que sporadiquement, là où la réalité était infinie et fracassante. Elle était seule, elle s’était enfermée sans l'aide de personnes dans une solitude incessante.

Et sa seule compagnie était des étoiles, dont une qui était probablement déjà découverte depuis longtemps mais dont elle n'avait pas envie de faire la recherche en utilisant les coordonnées qu'elle avait. Le plus important était qu'elle était enfin apaisée alors que depuis son télescope elle voyait l’étoile qui semblait briller toujours plus fort. Elle devait être sur le point de créer une supernova, décimant un système entier et peut-être plus sur son sillage. Et mourir. Ne faisant plus la moindre lumière. Elle soupira, éloignant son œil du télescope pour se frotter les yeux. Elle continuait de regarder dans la direction générale de Red Sonja, commençant à bailler. Quelle heure il était ? Probablement tard…

Mais toutes idées de dormir moururent dès l’instant où elle vit une étoile filante à la queue écarlate pourfendre le ciel.
_

Toutes obsessions pour cette Ligue des Ombres était morte. Il n'y avait plus que Genny maintenant, Genny et son vide. Genny son malheur. Genny et sa souffrance. Juste une Genny à combler, parce que sentir ce trou béant en Genny était une torture qui la rendait folle. Devait-elle l'absorber ? Ne risquait-elle pas de la condamner à son néant en le faisant ? Devait-elle essayer de faire comme les humains ? Comment aider face à quelque chose qu’elle ne comprenait pas ? Elle avait cherché, elle cherchait toujours. Chez les humains, ils appelaient ça la dépression. C'était sensé être courant. Ça prenait des vies, parce que ça ravageait l’esprit jusqu’au point de non-retour. C'était un poison pour elle, un poison qui rongeait lentement mais sûrement tout ce qu’elle croyait savoir…

Pourquoi elle ne s'en n’était pas rendue compte bien avant que ça existait ? Pourquoi maintenant ? Que pouvait-elle bien y faire ? Elle avait appris que ça demandait une déconstruction suivit d'une reconstruction. Comment amenait ça ? Elle était démunie pour la toute première fois parce que ne pas être humaine ne lui permettait pas de comprendre. Sa nature profonde était en conflit, ses instincts en feux, ses désirs déchirés. Elle avait… Mal. Pour la première fois elle avait mal. Elle détestait avoir mal. Peut-être que c’était pour ça qu'elle avait entamé une relation avec Genny ? Parce qu’elle avait mal de ne pas savoir quoi faire et qu'elle ne connaissait que l'amour. Parce qu'elle était une créature d'amour.

Mais même l'amour ne l'aidait pas. Lentement mais sûrement, elle se sentait léthargique. Quelque chose en elle se durcissait. Même le rouge n'arrivait plus à l’apaiser. « On peut se séparer si tu le souhaites Esdra… Je comprendrais… » Non. La séparation était contre sa nature. Mais ne pas absorber… Elle était perdue, perdue contre Genny et perdue dans l’histoire de Genny. Elle avait cherché comment lui donner le goûts de la vie. Comment faire en sorte à ce que le noir devienne rouge. « J'ai appris qu'il s’était fait poignarder en prison. Bon débarras. » Vide, vide, vide… Creux et morne. Et elle s’accrochait encore. Elle l'avait même convaincu d'essayer de renouer avec sa fille. « Mon frère ne veut pas que je lui parle… Son copain non plus… Ils disent que j'ai fait assez de dégâts comme ça… » Un trou noir. Un trou noir dans lequel tout se déchirait et tout se perdait.

Pourquoi juste maintenant ? Déconstruire et reconstruire, comment le faire ? Pourquoi son cœur sonnait creux à chaque battement ? Pourquoi ses yeux devenaient plus sombre ? Pourquoi son sang dans ses veines lui donnaient une sensation de lames de rasoirs ? Pourquoi c’était elle qui passait du rouge au noir ? Elle n'avait jamais pleuré avant. Et Genny avait réussi à le faire. Comme elle avait réussi à lui faire sentir, pour la toute première fois, une étreinte réellement chaleureuse. Parce que tout était désespéré. « Je suis désolée… » Elle n'avait rien fait. Ce n’était pas sa faute. C’était elle qui insistait pour ne pas absorber, pour essayer autrement parce qu'elle avait peur. Elle savait ce qu’était la peur, elle l'avait ressenti avant. C'était face à un brasier. L’idée du sang qui boue… de la chair qui fond… des os qui calcinent… C'était terrifiant… Mais pas comme l’idée de laisser Genny seule face au vide.

Déconstruire et reconstruire. Elle avait remarqué que certains de ses cheveux étaient cassant, puis une fois en miette tranchant. Comme de la limaille de fer. Ce n’était pas humain. Elle était à la limite de ce que l'humain pouvait lui apprendre. Elle était au-delà de la compression humaine. Elle avait une maladie ? Une maladie qu’on ne trouvait que dans le vide des étoiles ? Certainement, et elle n'y pouvait rien. Elle ne pouvait qu'observer son sang qui noircissait. Elle se décomposait. Elle pourrissait, à sa manière. Plus proche du matériel que de l’organique. Elle voulait vivre. « J'ai reçu un appel de mon frère. Elle va mal. J'ai merdé… » Elle avait aussi échoué. Elles étaient deux échecs, et comme les deux échecs qu'elles étaient elles se comprenaient. Ne pas réussir à être là pour quelqu’un d'autre…

Elles n'avaient jamais eu de rapport sexuels en quatre ans de relations. Genny craignait ça. Elle, elle voyait ça comme une raison de plus de ne pas l’absorber. Maintenant c’était différents, tout était différent. Le peu de rouge qui lui restait cherchait le peu de rouge qu'il y avait en sa compagne. Compagne. Amour. L'amour était destructeur. Elle était destructrice par nature. Elle le sentait. Elle le voyait. Elle en pleurait. Le peu de rouge qu'il y avait qui se rejoignait enfin… Déconstruire. Son corps finissait de durcir. Elle n’était plus rouge, elle était noire. Elle n’était plus douce, elle était dure. Tranchante. Métallique. Déconstruire. Elle se condensait, prenant une forme plus petite. Inanimée. Une image dans son esprit, une image dans l'esprit de Genny, une image dans leur esprit. Un bijou, vu au coin d'une ruelle. L’idée que ça irait bien à sa fille.

Il y avait du rouge sur ce bracelet. Reconstruire. C'était la première fois qu'elle prenait pleinement attention au vécu de l’autre et non pas son ressenti. Les regrets, la haine de soi, l’oublie dans la boisson, la douleur, douleur, douleur dans le regard d'une enfant, douleur même sur les photos, douleur omniprésente. Elle s'accrochait au peu de rouge qu'il restait de Genny. Reconstruire. Elle pouvait reconstruire ça. Elle sentait la lumière rouge l'envahir, l’étoile rouge l'envahir, l’amour l’envahir. Reconstruire. Elle était une étoile maintenant. Et elle tombait lentement du ciel, tombait là où tout pouvait redevenir rouge. Elle voyait vaguement une très jeune adulte être propulsée à son impact.

Elle se sentait l'entourer pour la protéger.
_

Elle était dans un lit d’hôpital. Elle cligna des yeux, sentant son corps lourd. Plâtre ? Pas de plâtre. Juste la même sensation que lors d'un entraînement bien intensif. Muscles qui tirent, articulations qui tremblent et aucune envie d’essayer de bouger à cause de la douleur. Mais dans un lit d’hôpital. Elle ne se souvenait plus de ce qu'il s’était passé. Les médecins se chargèrent donc de le lui expliquer ! Une comète avait éclaté le toit où elle était en observation. Éclaté était un bien grand mot mais il allait falloir effectuer de menu travaux vu qu'un voisin avait maintenant un trou dans son salon. Quand à elle… il semblerait que le choque de l’impact l'ait propulsé en arrière. Qu’elle était très chanceuse. Voir miraculée.

Ça ne retirait en rien une autre question qu'elle n’osait pas poser. Depuis quand elle avait un bracelet autour du poignet ? Depuis quand elle se permettait ce luxe ? Et pourquoi elle n'arrivait pas à l'enlever ? Pourquoi elle avait un truc pareil coincé autour de son poignet ? Elle avait essayé de tirer dessus tout le long de son séjour, utilisant même ses dents sur le métal froid. Ce n’était pas qu'il était laid, au contraire il était même à son goût. C'était juste… bizarre. Même en se servant du produit désinfectant comme lubrifiant il ne voulait pas partir. Et elle était bien trop renfermée sur elle-même pour en parler à quelqu'un.

Elle essayait toujours de s'en débarrasser une fois hors de l’hôpital. Elle avait… emprunté… le sécateur de Sam. Elle avait essayé. Et elle avait constaté avec horreur qu'elle avait dégommé l’outil dans le processus. Elle avait regardé avec intensité le bracelet pour constater qu'il était intact. « C’est quoi cette merde… » Elle avait vaguement l'impression d'entendre une petite voix dans sa tête. Juste une impression. Et elle avait découvert les prix des sécateurs une fois dans le magasin de bricolage. Ce n’était pas passé inaperçu. « Jazz, mon chou, tu n'aurais pas utilisé le sécateur dont je me sers pour mes costumes ? » Elle s’était contentée de s'enfoncer dans le canapé, trouvant son comics de Lady Death très intéressant d'un coup. « Bon. Au moins tu en as racheté un autre avec ton argent de poche. » Elle faisait comme si elle ignorait Sam et cette voix sourde du fond de son esprit alors qu'elle tournait la page.

La voix, toujours brouillée, revenait continuellement. Elle n’était plus une impression, mais une réalité. Et ça l'effrayait. La distrayait. Elle n’était pas une élève très assidue en cours, mais son attention avait maintenant dégringolé. Elle cherchait plus un moyen de ne plus penser à ce bourdonnement incessant que d’écouter les profs. Elle songeait de plus en plus en parler à Sarah, à lui demander des conseils et un diagnostic, peut-être même quelques cachetons pour ne plus remarquer qu'il y avait une voix qui se formait dans sa tête. « … réponse B… » Elle avait coché la réponse sans vraiment y faire attention, se rendant compte plus tard qu'elle avait écoutait la voix. Elle devenait cinglée.

Elle devenait cinglée avec une voix qui avait donné une réponse juste à une question à choix multiples. Et juste comme ça… elle était curieuse. Elle décida d'essayer d’écouter plus souvent la voix, juste pour tester. « … processus de photosynthèse… » « … répercussion de la grande dépression… » « … inconnu x est égal à la somme b… » « … il joue mal, désynchronisation harmonique… » La voix… Savait des choses… Elle avait une voix dans sa tête qui lui soufflait les réponses à ses devoirs et exercices scolaires. Incroyable, fascinant, vraiment un grand super-pouvoirs. C'était ce qu'elle se disait avec beaucoup de sarcasme. « Chouette, j'ai Wikipédia dans ma tête… » « Ça fera une séance de cinéma les dix réponses… »

Et elle recommençait à paniquer, à sa façon. Retournant dans son attitude initiale, avec bien moins de succès pour ignorer une voix bien plus active. « Salut ? » Vraiment plus active. « Tu devrais manger, tu ne l'as pas fait. » Réellement plus active. « Suspiria, Suspiria ! » Mais au moins elle avait bon goûts en matière de film. « Pourquoi tu ne me réponds jamais Jazz ? » Mais ça restait flippant. « Parce que je sais pas ce que tu es… » « Oh. » Elle continuait son bonhomme de chemin pour la journée, n'entendant plus la voix. Elle avait abandonné les tentatives d’enlever le bracelet. Foncièrement il ne gênait pas et c’était une perte de temps a essayer. Elle ne trouvait même pas grand-chose d’intéressant dessus sur le net, juste une gamme de bijou dont le sien était très oxydé au vu de la couleur.

C'était avant qu’elle la rencontre enfin. Elle dormait, et elle rêvait de la chose habituelle. Un grand vide tacheté de couleurs infinies. L'espace. Et elle flottait dedans, incapable de toucher les étoiles. Elle se sentait bien. Elle se sentait apaisée. Seule, dans ses pensées. « Bonsoir Jazz. » La voix. Elle tourna la tête vers une étoile. Son étoile, la rouge. Et il y avait quelqu’un. Une femme. Nue, peau pâle mais aux veines métalliques. De très long cheveux rouges. Des yeux intégralement rouges également, comme deux globes gorgés de sang. Des lèvres tout aussi rouges. Mais surtout, nue. Elle se couvrir immédiatement les yeux avec une expression de gêne. « Putain, les fringues c’est pas pour les chiens ! » « Je sais que les vêtements sont pas pour les chiens, c'est pour les humains. »

C'était… un premier contact. « Bordel de… Et tu fais quoi près de mon étoile ?! » « C'est… là d’où vient ma mère. » Pas un premier contact entre la civilisation humaine et extraterrestre. Juste… un premier contact. « Okay… Explique. » Et elle apprit tellement. Une planète rouge, d’où venait un astre rouge, dans un système rouge avec un soleil rouge. Rouge. Rouge partout. Tombé du ciel, le déchirant d'une lumière écarlate, et puis… la personne en face d'elle. Qui était dans les étoiles quand elle avait raconté l'histoire, tout le long plongé dans son monde. « J'ai jamais parlé de ma mère avant… » « J'ai jamais vraiment pu parler à la mienne perso… » C'était un premier contact avec quelqu’un de similaire. « Oui… je comprend… Ma mère ne m'a pas vraiment élevée après ma naissance, je suis juste partie seule… » Quelqu'un qui voyait réellement en quoi ça faisait mal… « C'est la même pour les extraterrestres alors… »

C'était juste réconfortant. À son réveil elle n'avait plus peur de la voix d'Esdraela. C'était la première fois depuis très longtemps qu'elle écoutait la voix d'un autre. Qu'elle n'avait pas l’impression que les choses allaient forcément mal tourner, qu'elle n’avait pas besoin de garder pour elle quelque chose qui la pesait depuis longtemps. « Tu es humaine avant tout, et les humains ressentent des choses Jazz. Comme je les ressens. » « Les humains sont plus complexes que ça Esdra. On est toujours plus complexe que ça. » Jamais elle n'avait eu l'impression d’être écoutée. Peut-être parce que sa nouvelle amie était naturellement curieuse. Peut-être parce qu'on lui disait pour la première fois que ce n’était pas un problème de ressentir des émotions.

Elle ne savait pas. Elle allait juste apprendre.
_

Il y avait plusieurs genre de réactions face au pouvoir. Le fait de l'obtenir, d'un coup. Il y avait ceux qui tentaient de l'ignorer. Il y avait ceux qui en abusaient. Il y en avait même qui le rationalisait tandis que d'autres s'amusaient avec. Puis il y avait ceux qui s'en servaient parce qu'ils avaient le sentiment que c’était un devoir. Pour Esdraela, ses pouvoirs furent toujours le prisme de la survie, de l'instinct, cette partie intégrante d'elle. Mais maintenant que Jazz était là… Il y avait juste l’idée d’utiliser ses pouvoirs parce que d'autres n’en n'avaient pas. Elle lui faisait découvrir un nouveau sens au pouvoir, celui de juste s'en servir parce que c’était possible de le faire, possible de changer les choses avec et possible de faire le bien. Elle découvrait un peu plus la moralité humaine. Elle découvrait l’héroïsme. Et c’était fascinant de co-piloter.

Oui, Jazz avait eu le premier réflexe de toute personne personne pas très mature et perdue une fois en possession de grands pouvoirs. Elle combattait le crime. « Je sais… Arsenal ! Ah, nan… Déjà prit. » Elle était devenue une héroïne sans nom, dans les ombres et utilisant les puissants pouvoirs d'une créature inhumaine pour se donner une chance. « Bat-Armor… ? Nan, dégueulasse. » Et aussi parce qu'elle ne trouvait pas de nom de superhéroïne. Ses choix étaient infini et elle cherchait sincèrement quelques chose de classieux mais pas trop pompeux, ni qui vendait trop la mèche. « AlienSteel ? » « Je mets mon véto sur celui-là. C’est hors de question. » Mais la plupart du temps c’était ridicule, kitch, sans saveur. Pendant un instant elles avaient pensé à The One « I am The One who will kick your ass ! » Mais… « Jazz… Ils ressentent de l'amusement. Sauf lui là-bas. C'est du désappointement. » L’amour de Jazz pour les mauvaises blagues n’aidaient pas.

La première nuit fut difficile. Son premier réflexe fût se tenter de les absorber, pour ne faire qu'un. « ARRÊTES, TU ES EN TRAIN DE LES TUER ! » Mais elle ne pouvait plus fusionner comme avant. Elle n’était plus autant en osmose avec les humains. Elle ne faisait que prendre les minéraux et métaux dans l’organisme. « Je… Pourquoi ? Je veux juste ne faire qu'un… » Et Jazz refusait qu'elle le fasse. Parce que dans la perception humaine, la mort était très vaste. « Justement, ça va le tuer ! Et là, tu le serres tellement que tu l'écrases ! Tu sens pas combien il a mal ?! » Parce qu'elle était d'un amour destructeur, et que Jazz n’était pas une entité de destruction. Par sur les autres. « Lâches-le Esdra. » Elle s’était faite mal à elle-même pendant des années. Elle savait comment ça marchait. Elle devait donc sûrement savoir comment aimer sans détruire. « … D'accord Jazz. » Alors elle l’écoutait.

Elle n’avait jamais autant écouté quelqu’un. Réellement écouté. « Pourquoi pas GoodBat ? Tu veux faire le bien et tu sais jouer du baseball en tant que batteur. » Réellement échanger aussi. « Parce que c'est moche Esdra… Vraiment moche… Et le Bat c'est plus par rapport à Batman… » Elle avait bien plus l'impression d'apprendre en étant dans cette symbiose que pendant toute sa vie sur terre. Parce qu'elle avait quelqu'un qui lui expliquait en comprenant qu'elle n’était pas humaine. Qu’elle ne le serait jamais. Qu'elle n'avait pas d’inné humain. « Ah. Oui. Mais tu n'es pas obligé de référencer Batman. » Mais qu'elle pouvait peut-être les acquis. « Pas faux. Qu’est-ce qui pourrait coller avec une alien polymorphe métallique empathique bizarre et une ado qui ouvre trop sa gueule ? » Elle… Pense… Commencer à comprendre une forme d’amour humaine avec elle. Comment il le voit dans certains cas.

« Monckingbird. » Et elle commençait à légèrement comprendre certains aspects de l’imagination humaine. « Pourquoi ? Je dis pas, c'est jolie, mais tu as l'air vachement sûre de toi. » Elle commençait à presque limiter correctement pour la toute première fois. « Parce que je peux prendre n’importe quelle forme a la quasi perfection, comme cet oiseau peut imiter un vaste répertoire sonore. Parce qu’il y a beaucoup de héros de cette ville qui semblent prendre le motif des oiseaux. Et parce que tu te moques souvent de tes adversaires en pleine action. » C’était la toute première fois qu’elle saisissait enfin le principe de symbolique pour les humains. « … On test pour cette semaine. » Et c’était la première fois qu’elle avait l’impression de transmettre concrètement une idée. Elle avait la sensation d’être une sorte de référence pour Jazz et c’était… Fort.

Elle lui transmettait tout ce qu'elle pouvait. « C'est qui ces ninja ? » Malheureusement même ce qu'elle ne voulait pas transmettre. Comme sa connaissance de la Ligue des Ombres. « Je m’étais posé plus ou moins la même question la première fois. » Parce que la Ligue savait que son amour était destructeur, elle savait son plein potentiel et elle savait sûrement une partie de son histoire qu'elle n'avait pas dit à Jazz. Parce qu'elle ne voulait pas que Jazz ait peur d'elle. « Tu les connais ? » Et ils ne semblaient pas vouloir qu’elle, le Dévoreur, reste avec une enfant qui pouvait lui apprendre tellement, comme elle pouvait tant lui enseigner. « Oui. Ce sont des humains très entraînés. Ils se nomment la Ligue des Ombres. Sois prudente avec eux. » Mais elle n'avait pas peur pour Jazz contre eux. « Je vais faire gaffe. Batte de baseball s'te-plaît. C'est pour leurs rotules. »

Elle était brave et presque bienveillante.
Jezzabella Corvino
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Mar 8 Oct - 15:35
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Willkommen Fraulein !

Voici une personnalité bien intéressante, je ressens un joli clin d'oeil à Witchblade avec l'idée de l'armure alien... Et puis... Je sens que l'on va bien s'amuser toutes les deux.

Moi avec mon armure remplie de technologie, toi avec ton armure alien...

J'ai hâte de croiser le fer en ta compagnie.

(Dommage que l'on ne puisse pas lire ta fiche par contre... Jezzabella Corvino - C'est moi où mon prénom fait vachement actrice film de boules... 982186518 )
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Mar 8 Oct - 17:54
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Jezzabella Corvino
Merci ! Oui, hélas j'ai préféré la mettre sous hide à cause de plusieurs passages qui peuvent titiller la sensibilité. Après je crois que c'est lisible une fois un message posté.

(Et oui, je suis fan de Witchblade.)
Jezzabella Corvino
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Mar 8 Oct - 18:00
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Dick Grayson

Bienvenue Jezzabella !



Alors au départ, je me suis dit que la présentation n'était pas si longue que ça, malgré le gentil avertissement en préface. Que l'histoire allait arriver plus tard. Et puis, j'ai vu le poste suivant, et là j'ai pris peur... Je n'avais pas encore vu le dernier poste.

Mais ne t'en fais pas, les envies de meurtre sont peu fréquentes chez nous, d'autant plus face à des personnes visiblement motivées et inspirées ! Je suis sûre que la lecture sera très rapide et agréable (parce que je lirai le tout un peu plus tard) ! Jezzabella Corvino - C'est moi où mon prénom fait vachement actrice film de boules... 1677691340

Si ta présentation terminée, n'oublie pas de nous faire signe par ici, que nous puissions rapidement te valider ! Si après 7 jours tu n'as toujours pas signalé ta fiche, n'hésite pas à nous demander un délais supplémentaire. Naturellement, en cas de questions ou hésitations, tout le staff est à ton écoute et prêt à dégainer.

A très vite !
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Mar 8 Oct - 18:20
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Jezzabella Corvino
Merchi ! J'ai du coup prévenu qu'elle était finie, je suis prête à me délecter de vos lamentation soumettre à votre jugement !
Jezzabella Corvino
Jezzabella Corvino
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I insist.

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Mar 8 Oct - 18:24
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Jack Emerson
Sois la bienvenu parmi nous Jezzabella Corvino - C'est moi où mon prénom fait vachement actrice film de boules... 1131005777
Ton personnage semble envoyé du lourd Jezzabella Corvino - C'est moi où mon prénom fait vachement actrice film de boules... 3682227319
Jack Emerson
Jack Emerson
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Jezzabella Corvino - C'est moi où mon prénom fait vachement actrice film de boules... Wsxp

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Mer 9 Oct - 18:11
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Jezzabella Corvino
Merchi !
Jezzabella Corvino
Jezzabella Corvino
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I insist.

Pseudo : Rip
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Jeu 10 Oct - 19:21
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Selina Kyle
Félicitations Jazz, ta présentation est validée !

La fièvre te réussit, dis donc Razz
Superbe présentation, riche à foison de détails et d'éléments sur ton personnage ; du pain béni pour tout partenaire RP Jezzabella Corvino - C'est moi où mon prénom fait vachement actrice film de boules... 1363650463 En prime, tu glisses ça et là des références au monde de DC Comics ; Jezzabella est un personnage inventé comme on adore en découvrir, et j'espère qu'elle rencontrera en RP le succès qu'elle mérite Jezzabella Corvino - C'est moi où mon prénom fait vachement actrice film de boules... 1677691340
Peut-être une future membre des Titans ?


Il ne te reste plus qu'à trouver ta place sur le forum et pour cela tu pourras bien sûr compter sur le staff mais aussi sur nos membres qui t'accueilleront, à ne pas en douter, comme il se doit. Tu fais désormais partie de la grande famille de LOD et nous te souhaitons encore une fois la bienvenue parmi nous !

/!\ Merci de bien vouloir recenser ton avatar, ton métier, ta ville, tes pouvoirs et tes multi-comptes (s'il s'agit d'un multi-compte) dans les Bottins du forum que tu trouveras ICI /!\

Pour le bien de ton intégration, voici quelques liens qui pourraient t'être bien utiles :


[*]Fiche de liens, de RP et arcs narratifs sont obligatoires pour créer un cercle à ton personnage et te permettre d'évoluer convenablement ;

[*]si ton personnage fait partie d'une sous-entité :
(Justice League, Team Titans, Injustice League, Suicide Squad, ARGUS, ...)
Nous t'invitons à te familiariser avec les quartiers généraux, à commencer par ton inscription ;

[*]pour découvrir le système de batarangs (facultatif) :
Ils te serviront globalement à acheter des petits bonus. Rendez-vous sur ce sujet ;

[*]Pour les demandes de rangs, logements etc :
Direction les demandes générales ;

[*]Pour faciliter ton lancement dans le jeu :
Nous te conseillons de faire un tour dans les demandes générales de RP ;

[*]Pour participer aux intrigues :
Ces dernières sont disponibles dans cette section. Régulièrement proposées par le staff, elles te permettront de faire évoluer l'histoire de ton personnage tout en contribuant à l'avancée du forum ;

[*]pour découvrir d'autres petites animations :
Gagne des récompenses, des RP ou met en avant tes écrits au travers des carnets de défis, des breaking news et de la  roue des RP ;

[*]Si tu as besoin d'avatars d'avatars :
N'hésite-pas à nous solliciter sur CE SUJET !

Bon jeu parmi nous et à très vite ! 
TWIZZLE (c) 2018
Selina Kyle
Selina Kyle
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Jezzabella Corvino - C'est moi où mon prénom fait vachement actrice film de boules... V64h

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Sam 12 Oct - 16:25
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